mardi 5 juin 2012

He's a man? No he's an ironman!

Il était une fois le marathon de Stockholm 2012, complètement fou! Une météo terrible qui a dissuadé les moins téméraires (sur le 20 000 inscrits, seuls 15 000 ont osé se présenter au départ) : vents à plus de 70km/heure, T° environ 4°C (ressenti 0°C sympa...) et une bonne pluie sur tout le parcours. Manquait que le feu...Bref de quoi avoir franchement envie de rester sous la couette plutôt que d'aller suer sang et eau sur 42 bornes. Sur les 15 000 partants, seuls 11 000 sont arrivés au bout de l'effort, c'est à dire au bout d'eux-mêmes pour la plupart. Pas franchement rassuré la veille de la course (ma tendinite était vraiment douloureuse durant un "warm up" de 40 mns), j'ai un court instant imaginé ne pas participer mais l'envie était plus forte. Problème, j'étais mal équipé pour affronter une météo scandinave déchaînée. J'avais déjà expérimenté la course sous la pluie (n'est-ce pas Matthew?), la course dans le froid et la course dans le vent...mais jamais les trois en même temps! Le challenge, déjà bien relevé, se pimentait donc énormément.
De toutes les matières...
c'est la mousse que je préfère...
Au sec avant la course.
Le départ à midi permet de prendre son temps et de rien oublier. J'improvise une parade "anti tendinite" en glissant deux petits morceaux d'éponge dans ma chaussure droite. Avantage purement psychologique? Un petit échauffement, une grande prière et voilà parti avec des coureurs du monde entier (mais le contigent suédois est très majoritaire) bien décidés à en découdre avec ces conditions très défavorables. Les locaux n'ont pas été pris au dépourvu et ont ressorti toutes sortes de gants, bonnets, et bas de survêtements. Pour les autres, à commencer par moi, c'est sac poubelles au moins jusqu'au départ. Les hélicos de la TV suédoise nous survolent mais pas trés longtemps. Les rafales de vent doivent, à coups sûrs, rendre les pilotes un peu nerveux. Midi, "Pan" c'est parti! J'imprime un rythme assez doux sur les 5 premiers kilomètres. Ma jambe droite est sous très haute surveillance mais elle répond correctement et la douleur est faible. Mes chaussures sont très rapidement nettoyées grâce aux flaques très nombreuses. Les visages se ferment plutôt qu'à l'accoutumée surtout quand le vent souffle. Tout ce petit monde a vite intégré qu'être "Finisher 2012" constituera déjà une belle performance et je veux être de ceux là. Je retrouve Nathalie à l'endroit prévu (Km 6). RAS, tout tient. Le vent de face ou sur les ponts combiné à la pluie est très désagréable. Les coureurs baissent la tête en signe de résignation et il est rare d'en entendre discuter. Bref tout le monde est à l'économie. Faut que ça tienne! Km 21 (semi) en pleine campagne, le vent balaie nos visages fermés et il est impossible de s'y soustraire, aucun spectateur, bref un grand moment de solitude. Km 31, deuxième point de rencontre avec Nathalie, ça tient...Rendez-vous au Stadium! Au Km 35, je me fais rejoindre par les meneurs d'allure 3H30 et je réalise que je suis en train de réaliser une grosse performance sur une seule jambe!

Sympa ce jogging sur la Baltique!

Le panneau 40Km est là. J'ai envie d'aller l'embrasser, je sens le bonheur m'envahir et je craque un peu ...de bonheur bien sûr. A cet instant je sais que je vais bientôt faire mon entrée dans ce fameux Stadium et je vis intensément ce moment très particulier. Je savoure ces derniers moments, mon corps gelé par endroits et légèrement chaud à d'autres se fait plus léger. Je sens que je peux encore accélérer mais je n'en ferai rien, je suis trop bien. J'aperçois un des pilonnes d'éclairage du Stadium. On y est Putain! Les mains sur la tête je pénètre dans ce stade mythique. Je repense à mes onze semaines d'entraînement, à mes petits "bobos", à mes grands-mères défuntes (je sais pas pourquoi mais à cet instant je suis incapable de penser à quelqu'un d'autre...même pas à mes enfants) et leur adresse un baiser en levant mes yeux et mes bras au ciel. La ligne d'arrivée se rapproche. Comme à New-York, je décide d'embrasser le sol (bien humide), je me relève, je franchis la ligne. Je l'ai fait! Nathalie m'interpelle et je m'accroche au gradins. Le baiser du champion prend tout son sens dans pareils conditions. J'exulte, je craque, je discute avec mes "frères et sœurs d'un jour", je recraque, j'ai froid, j'ai mal, j'ai envie d'une douche, je tiens fermement dans ma main la médaille qu'on m'a remis, je la touche, je suis bien.
Silian, à moitié suédois
et pleinement heureux!

En conclusion : On a tous vécu l'enfer mais au final c'était bien le paradis! J'ai encore visiblement beaucoup de choses à apprendre d'un corps qui fait 3H30 alors que je le croyais condamné...Je ne suis pas prêt d'oublier cette version 2012 du marathon de Stockholm. Je suis à peu près sûr que si un jour je demandais la nationalité suédoise, les autorités reconnaissantes me l'accorderait...




Ma page résultat:
http://results.marathon.se/2012/index.php?content=detail&fpid=search&pid=search&id=9999991386F594000004884D&lang=EN&event=STHM&ageclass

Si vous voulez voir, ressentir un peu l'ambiance, allez sur le site officiel:
http://www.stockholmmarathon.se/Start/index.cfm?Lan_ID=3
Les parapluies de Stockholm,
souvent cassés par le vent!