jeudi 28 mars 2019

A l'école de la rigueur et de la volonté

Un jour j'aimerai que mes enfants tombent sur cet article, me lisent et comprennent un peu mieux de quoi est faite la "planète Marathon". Non pas pour les détourner ou les dégouter de me suivre dans cette discipline, bien au contraire! J'aimerai leur faire comprendre tout ce que je ressens et qu'ils puissent connaitre tous ces "petits plus" qui font du marathon une discipline un peu hors norme. Quelqu'un a écrit : "il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer". J'ajouterai une quatrième catégorie : les marathoniens!

J'ai beaucoup de respect pour celles et ceux qui vivent de la mer et naviguent sur la grande bleue. Le temps y est distendu, le rythme peut être à la fois infernal ou totalement ralenti. Le corps prend assez "cher" parce qu'il est à la fois projeté sur et contre les éléments et que le repos n'y est jamais total (parole de marin!). Avec un peu de recul, ce "huis clos marin" me fait penser à un plan de préparation marathon. Tu t’immerges pendant près de 12 semaines dans un espace fait d’entrainements, de préparation physique et de phases de récupération sans jamais quitter des yeux ton objectif, ton "azimut" vers lequel ton corps est entièrement aimanté...le jour J du marathon.
A run in Jaipur (INDIA)

 Certes, préparer un marathon rime souvent avec rigueur mais le chemin est rempli de vrais petits et grands bonheurs. A toi il revient le privilège d’être le témoin d'une forêt qui s'éveille de bon matin, de croiser des animaux que peu de citadins voient, d'explorer comme personne des villes qui te semblent familières après seulement 2 sorties...Et que dire du bonheur qui t'irradie quand ta séance s'est bien déroulée et que tu rentres dans ton foyer, à peine réveillé, le devoir accompli. J'ai parfois le sentiment qu'une deuxième journée est sur le point de commencer et je l'aborde avec un excès de force et de détermination qui nulle autre discipline sportive ne m'a jamais offert!
Ce que mes yeux voient...

 
Ajoutons aussi une bonne dose de motivation pour faire ce que j’endure, pour avaler ma dose hebdomadaire de kilomètres sans pour autant rompre avec le plaisir de courir. Il y a un côté un peu "mécanique" du corps et du cerveau qui accepte d'aller au combat sans trop se poser de questions. La mise en chauffe est purement technique avec un minimum d'émotions. Ce n'est qu'après avoir couru 20 minutes et retrouver des sensations que ton corps envoie quelques signaux émotionnels. Il a accepté de sortir sans se plaindre, il a obéi aux ordres, maintenant il commence à apprécier et il bascule dans le "gagnant/gagnant".

Feuille 2 Week 6..ça pique un peu!!
Sixième semaine de prépa, la plus piquante de toutes! Près de 60 kilomètres à avaler sur 4 séances en alternant des sorties techniques basées sur la vitesse et d'autres sur l'endurance fondamentale. Pas de quoi trop rigoler ni réfléchir, il faut se contenter de livrer et à l'heure! Cette semaine marque une frontière évidente et attendue car les charges d'entrainement diminuent peu à peu une fois cette semaine franchie.
Semaine 7, tout va bien, trop bien même...quelques petits signes avant coureurs qui pourraient annoncer une blessure auxquels je ne prête pas trop d'attention. Pire... je les méprise. Je suis un gars de Sèvres, on ne me la fait pas! N'empêche qu'à trop se convaincre qu'on est indestructible, l'addition finit par tomber. Mardi, j'attaque la séance et en plein milieu CRACK BOUM HUE je rentre en trottinant...:-(


La blessure fait de toutes façons partie du contrat. Tu pousses ton corps dans ses limites et tu sais parfaitement dans quoi tu t'engages. Avec le poids de l'expérience je dirai même que c'en est presque réconfortant. Si je force un peu le trait : "Je suis blessé parce que je me suis bien entrainé". Bon, il s'agit quand même de revenir au plus vite et pour cela il y a Ziad le "sorcier". Ce que j'apprécie vraiment chez ce Kiné (en or!) c'est que certains mots ne font pas partie de son vocabulaire : Déchirure, rupture...Il adopte une attitude toujours positive, te fait "souffrir" comme il faut et la reprise n'est jamais très loin avec lui. Mais que ferais-je sans Ziad? Confidence pour confidence, la reprise après blessure a presque quelque chose de palpitant et d'excitant. Cela va t-il tenir? Combien de temps pourrais-je courir? Quand une reprise se passe bien, cela crée des sorties mémorables. Tu reprends le contrôle, tu es à nouveau le Roi dans ton château!

Vivre sa passion marathon c'est tout un ensemble de choses réunies. Ça passe par des performances, des sensations, du bien être qui te fait rajeunir de 15 ans, des doutes, des douleurs, des bonheurs simples, des privations et sacrifices, le respect du plan, des nouveaux amis, le respect que tu inspires chez les autres, la confiance en soi, le dépassement, l'accomplissement...et cette sensation toute particulière d'être ni mort, ni un simple vivant, ni un marin non plus mais d’être fait d'un alliage rare et d'avoir tes deux pieds connecté à la Terre!
Quand la ville dort...
     
Mes enfants, si vous lisez ces mots, quoi que vous entrepreniez, vivez votre (vos) passion (s) à fond! Quitte à se perdre un peu, entretenez le feu, soyez volontaires, ne calculez pas trop, donnez vous. Trop de gens souffrent de ne pas avoir de passions et passent clairement à côté de leur vie... Il n'est pas nécessaire de faire partie de l'élite, ni du très haut niveau amateur car le haut niveau amateur est déjà une belle médaille en soit pour la vie!



mardi 12 mars 2019

Ensemble, on est plus forts!

Ça vous a pas paru un peu long, tout ce temps, sans des nouvelles de votre coureur du "bois de Meudon"? A moi si...Reprendre l'écriture de ce blog me procure à la fois du plaisir mais indique surtout qu'une bataille se prépare...

J'avais un temps imaginé courir Boston (le Graal!) mais plusieurs facteurs sont venus brouiller ce projet. Au premier rang desquels un joli bobo musculaire au mollet gauche m'imposant près de 3 mois d'arrêt (du jamais vu!). Il est trop hasardeux de s'inscrire à une course 6 mois à l'avance sans avoir la garantie de pouvoir la préparer sérieusement. De même qu'il est clairement fantaisiste d'engager plus de 3000$ dans une aventure aussi incertaine. Bref, j'ai rayé Boston de ma tête dès le mois de septembre et attendais qu'un autre projet vienne le remplacer.

Ce que me disait une "petite voix" en moi résonna bientôt comme une évidence. "Mais bien sûr! C'est Madrid dont j'ai envie!". Je pourrai ainsi retrouver mes amis espagnols qui me font, à juste titre, remarquer que j'ai couru dans beaucoup de villes mais jamais chez eux... Madrid, c'est pouvoir m'exprimer sur un marathon qu'on dit convivial et d'un format beaucoup plus humain (limité à 15 000 coureurs). Choisir Madrid c'est aussi se détourner, sans regrets, de ces marathons au label "Majors"qui peuvent être, sous certains aspects, de vraies kermesses commerciales avant d’être des événements sportifs. Et le vrai "double bonus" dans tout ça, c'est de participer tous ensemble à la course de son choix (10k, 21k, 42k) le dimanche matin et de partir presque tous en même temps.
Le serpent de 42 kilomètres..Fénoménal!


L'aventure n'est plus solitaire. C'est un projet à plusieurs ou chacun s'investit en fonction de son expérience, de ses envies et de ses aptitudes. Au final, nous avons tous un rendez-vous le dimanche 28 avril(*) au matin. Quoi de plus beau que d'aller ensemble prendre part à cet événement? J'en frémis d'avance et je récite, dans ma tête, le verbe courir : je cours, tu cours, il ou elle court, nous courons, vous courez, ils courent...Magnifique! Ce sera donc Madrid où nous devrions être 12 coureurs (avec quelques surprises...chut!) au départ.


(*) Le premier ministre espagnol ayant décidé de dissoudre le parlement, les élections prévues le dimanche 28 avril ont finalement poussé les organisateurs a anticiper la date du marathon et ce principalement pour des raisons de sécurité. Au final nous courrons donc le samedi 27 avril.