vendredi 8 décembre 2017

Je reçois ton souffle

Mon "Marathon Man" a cessé de respirer. L'homme dont j'ai voulu suivre les foulées n'est plus. Il a franchi sa dernière ligne d'arrivée et jusqu'au dernier moment il est resté maitre de sa vie. Je reçois donc son "relais" et espère le porter le plus longtemps possible sur tous les terrains ou mes jambes et mon souffle pourront m'amener. Et je continuerai, j'en suis sûr, d'entendre cette petite voix durant mes entrainements solitaires "vas y, encore un peu, continues comme ça...".
VA - NY - Kerjouano.    

vendredi 10 novembre 2017

Une revanche, un triomphe et un record!

The big four ou "Special 15-15" réuni!
Les mots me manquaient. Je ne savais pas quoi écrire. Encore sur mon nuage...l'édition 2017 du marathon de New York restera pour moi un très grand moment à plus d'un titre! J'ai été payé de la plus belle des manières après une préparation certes exigeante mais réalisable. J'ai développé de la confiance, connu quelques petits "bobos" mais j'ai fini fort. Je me répétais souvent durant mes entrainements "I'm strong, I'm fast!", bref je sentais être promis à une bonne performance. J'ai texté la veille "quelque chose va arriver..." car j'étais confiant dans ma capacité à taper mon record (3H26 à Berlin) mais de là à descendre sous les 3H20...compte tenu de ce que vous allez découvrir plus bas, non vraiment pas! Êtes-vous prêts à revivre cet exploit et à partager l'intimité de ma performance? Alors remontons le temps!

Biz Bed expérience! Merci Kian!
Paris Orly, mercredi 1er novembre. J'ai droit à un traitement VIP à mon arrivée au comptoir de British Airways. Mon ami Kian a passé des consignes qui vont au délà des mes espérances (accompagnement jusqu'au Lounge puis surclassement en Biz Bed!). A mon arrivée à Newark, je suis presque aussi frais qu'au décollage, du jamais vu! Merci Kian! J'arrive dans Manhattan et suis saisi comme d'habitude par la hauteur des buildings. Les parfums sucrés/salés des kiosques des vendeurs ambulants parviennent à mes narines, les sirènes des véhicules de police hurlent...bienvenue à NY!

Le lendemain commence de la plus belle manière avec un décrassage dans Central Park et bien entendu au "Réservoir". Central Park est naturellement aux couleurs du marathon. Barrières, drapeaux, tribunes, ligne d'arrivée...tout est fin prêt pour dimanche. Cela fait aussi grandir notre excitation. Il n'y a pas de meilleur moment que celui là. Quand tu sors d'une prépa de 2 mois et demi et que tu cours au Réservoir avec des centaines de joggeurs venus du monde entier, tu réalises ô combien la chance d’être là. Le reste de la matinée est consacrée au retrait des dossards dans le Jacobin center. C'est la grande messe commerciale ou "New Balance" a mis le paquet pour nous faire cracher quelques dollars et ça marche! Il fait chaud à NY et l'on retrouve vite en teeshirt. Tout serait parfait si je ne ressentais pas une douleur au tibia droit depuis deux bonnes heures. Mais qu'est ce donc que ça? Nous déambulons dans NY, visitons "one world observatory" (Liberty Tower) puis allons faire un tout sur le Brooklyn bridge envahi par les touristes et marathoniens. De retour à l'hôtel, je décide de "traiter" mon problème au tibia qui ne s'arrange pas. Aspirine + glace, on verra bien demain...
Sans danger...

I LOVE Réservoir!

Vendredi matin. La nuit a été compliquée malgré la mélatonine fraichement achetée. J'ai fait l'erreur de surfer sur le net pour rechercher l'origine de mon trauma au tibia: Périostite Tibiale! Les avis et conseils formulés ont l'air unanimes : stopper toute activité physique...Glups! et je vais faire  comment moi pour courir dimanche? Honnêtement j'ai encore plus mal que la veille. Marcher est déjà un peu douloureux... alors courir? Dès le petit déjeuner, mes amis sentent bien que je suis tracassé, à juste titre, par ce tibia. On allège un peu le programme, on favorise au maximum le métro, bref on tente de  mettre les chances de mon côté. Vendredi soir, match NBA au Madison Square Garden. L'ambiance du match me fait complètement oublier mon tibia. On passe une belle soirée en attendant la traditionnelle course de 5 kilomètres (ONU Dash Run) qui a lieu le lendemain. Normalement c'est un gentil warm up pour les coureurs venus des 4 coins du Monde mais pour moi cela va ressembler à un test couperet : ça passe ou pas...double dose de mélatonine!
Madison Square!

Go KNICKS Go!

All set!
Samedi matin, je suis un peu tendu mais je vais vite savoir. Nous quittons l'hôtel en compagnie de nombreux français venus courir le marathon. La plupart sont des novices et certains courent même leur tout premier marathon. On trottine à peine, donc difficile de se faire une idée. Arrivés à Times Square on rejoint pas loin de 200 coureurs français pour la traditionnelle photo souvenir. Clic clac et avant vers Grand Central Station. Bon, faut que je sache là, parce qu'on fait quasiment que marcher. Sur la 42eme qui mène à l'ONU, je place deux trois accélérations légèrement soutenues. Ça fait mal mais c'est assez gérable. Est-ce que la douleur va s'amplifier au fil des kilomètres? On intègre notre SAS de départ. Bon soyons clairs, il n'y a strictement jamais eu d'enjeu sportif lors de cette course. Il s'agit de profiter d'un moment de convivialité entre coureurs étrangers. Le départ est enfin donné! Je cours, ça tient ! Ça chauffe mais j'ai malgré tout de bonnes sensations. Pour mieux me rassurer je me mets sur mon rythme marathon (4'40'' au kilo soit un petit 13km/h), ça tient toujours. Je fais de nombreux aller retour vers mes amis car je cours évidemment trop vite. Logiquement je ne devrai pas m'imposer ce rythme la veille d'un marathon mais là, il y a comme une urgence à savoir si le mal est profond ou non. On s'offre un final à 4 sur la ligne d'arrivée. J'ai retrouvé un mental d'acier car je sens la chose possible. Plus de doutes, je serai de la partie demain! L'excitation qui était retombée vendredi est repartie de plus belle! Je jubile littéralement à l'idée de "pouvoir" courir demain.
4 coureurs et 5 kms pour se rassurer! You have a GO!

La journée s'enchaine à merveille. J'assiste à un match parfait du PSG à Angers (victoire 5 - 0) depuis le repère des supporters parisiens exilés à NY (Legends Bar sur la 33eme). La "petite bière" devant le match ne me manque même pas. En sortant, je m'offre un Wendys vite fait bien fait au pied de l'Empire State.
Magic and quiet time on the "High line"


Dans l'après midi nous faisons une petite promenade sur la High Line. On y croise pas mal de coureurs venus comme nous s'oxygéner un peu avant la course. Le temps est incroyablement doux. Dernier rayon de soleil face à l'Hudson River, il est temps de rejoindre l'hôtel et d'y préparer la "Pasta Party" agrémentée du Gatosport cuit dans l'après midi. J'ai prévu un film "docu" sur le running qui s'intitule "Free to run". Film qui retrace notamment le combat de certaines femmes qui ont du lutter sévèrement pour avoir le droit de courir aux côtés des hommes plutôt que de courir dans leur cuisine...On y voit aussi le développement et ascension irrésistibles de Fred Lebow et de son marathon de NY. Ces images nous inspirent. 21H30 dispersion dans nos chambres. 23H je ne dors pas. Comme je sais qu'on gagne une heure cette nuit, j'ai moins de scrupules. Le réveil est réglé à 4H30. 1H30 (nouvelle heure) j'ouvre un œil. Pendant trois heures je ne vais pas vraiment dormir. Je ressens trop l'évènement, impossible donc de me rendormir mais ça n'a aucune importance car la dernière nuit ne compte jamais, parole de marathonien!

Dimanche 5 novembre, NY s'éveille. Il fait encore nuit. Je descends petit déjeuner, enfin finir mon gatosport en compagnie de mes amis. Edith, après une alerte gastrique, va beaucoup mieux. Moi, j'ai un sourire aux lèvres qui ne me quitte pas. Je sens quelque chose arriver...Rien ne pourra se mettre en travers de mon chemin. Les cars démarrent selon un ballet parfaitement rodé et nous déposent au Fort Wadforth. L'attente va durer plus de deux heures. On s'allonge sur un tas de paille qui isole nos corps du sol froid. Edith a cette réflexion amusante: "tu claques près de 3000€ pour venir à NY et tu finis dans la paille!". Selon une source, le salaire médian des américains qui participent au marathon est de 100 000 $ annuels. Et tout ce beau monde finit comme nous... dans la paille!
Dimanche 4H30, let's Rock!

9H50 - Verrazano Bridge - Le canon des marines tonne deux fois, Boum Boum c'est parti! Le pont est long (3 kms), surtout ne pas partir trop vite et garder la tête froide malgré les nombreux hélicos qui te survolent (NYPD, CBS, Média...), le vent qui forcit et mes jambes qui sortent de trois heures d'attente statique. Passé le pont, on pénètre dans Brooklyn ou l'accueil est dingue! J'avais oublié que les américains ne faisaient pas les choses à moitié : ils brandissent des pancartes dont les messages s'adressent à tous, ils te hurlent dessus, actionnent des cloches qui tintent par centaines, crient "Allez la France!", te disent que tu "look awesome!", bref ça braille tellement que tu ne peux même pas entendre ton MP3! Mon rythme est parfaitement calé avec mon objectif initial, les kilos défilent en 4'40'' voir un peu moins. 5, 10, 15, 20 bornes très propres, pas de douleurs trop fortes. Arrivé sur le Queensboro bridge les choses se corsent sérieusement car mon rythme chute dans cette montée assez sévère...5'40'' au kilo!! serait-ce déjà le mur? Autour de moi, les visages sont un peu plus fermés, la plupart sont dans le dur. Cette portion est très silencieuse car totalement dépourvue de spectateurs. Puis la rumeur se fait entendre à nouveau car on s'approche de la 1ere avenue. Ma vitesse redécolle, le passage du pont était un simple avertissement sans frais. J'enquille les 7 bornes de la 1ere avenue sans faillir et toujours sur le bon "pace time". Au 35 ème, je sens que je fournis un peu plus d'efforts pour maintenir le rythme mais rien d'insurmontable. Les new-yorkais nous soutiennent comme si leur vie en dépendait, totalement incroyable! Sans mentir, j'ai du entendre au moins 1000 fois les new-yorkais me dire "Go France, Silian ou allez France!". Tu ne peux pas tous les remercier, alors tu tapes dans leurs mains de temps en temps et ça me donne un surplus d'énergie. J'ai beaucoup de mal à comprendre ceux qui disent qu'on ne vient pas à NY pour "faire un chrono"...Bien au contraire! Avec une foule aussi hystérique, comment veux tu ne pas tout donner? Et je donne beaucoup. Je sens qu'aujourd'hui je peux accomplir la course parfaite, sans aucune sensation de "mur", à un rythme maitrisé jusqu'au dernier kilomètre, le run le plus abouti de ma vie, c'est aujourd'hui! Alors oui je suis un peu dans le dur dans la montée de central park ou un idiot (le même à chaque fois?) hurle à qui veut l'entendre "one more mile to go!" alors qu'il en reste au moins 3 assho...! Vient enfin mon moment de grâce. Sur ma droite je laisse le "réservoir" pour courir sur un ruban légèrement vallonné. Il ne reste plus que deux kilomètres. Je profite d'une première petite descente et je constate que je double un paquet de coureurs. Je m'offre même un kilo en 4'30'' alors qu'on est au 41 ème! Amazing. 42eme, je continue d'en doubler un paquet, j'arrive sur les derniers 400 mètres entouré des drapeaux de tous les pays. La ligne d'arrivée approche. Avant de faire ma "célébration" habituelle, je lève la tête au ciel et adresse un message aux deux êtres chers à qui j'ai pensé à chaque kilomètre (Dad and Jef) et qui m'ont bien accompagné. Je pense aussi à mes grands-mères..."je suis un gars de Sèvres moi! On me la fait pas!". Je m'allonge sur le sol et embrasse le bitume. Je repars les bras tendus et franchis la ligne. 3H18'08''! Boum! Moment de joie intense, mon corps continue d'avancer tout seul alors que les "Finishers" autour de moi semblent être dans de grandes souffrances...L'émotion ressentie n'a aucun équivalent. Ça valait bien trois mois de prépa et deux ongles (ce que je découvrirai après...).

Dephine, Edith et Olivier, partis en vague 3, prolongent le plaisir et finiront respectivement en 3H56 et 4H (je fais grâce à Edith de ces fameuses et couteuses 16'' sans lesquelles son bonheur aurait été total...enfin 16'' c'est quoi sur un marathon? 0.1%...n'en parlons plus!).

Mon nom en "page 2" du NY Times special edition

ÉPILOGUE: D'abord techniquement cette perf m'a "contraint" à modifier le titre du blog. Ce marathon restera comme le plus accompli ce qui m'a valu un texto du Coach "Je suis fier de toi...". So proud! Plus je vieillis et meilleures sont mes perfs. Je pense qu'il me reste encore des records et des émotions inoubliables à aller chercher. Mon corps, cet instrument incroyable que je commence enfin à comprendre et maitriser après 12 ans de pratique, m'a fait un sacré clin d’œil. 12 ans sur l'échelle d'une vie c'est pas grand chose finalement. Il m'est encore difficile de décrire ce que je peux ressentir au plus profond de ma chair. Peut-être qu'un jour mes enfants pourront vivre de pareilles sensations et pourront ressentir cette véritable "connexion" avec leur corps. Moi je vais continuer d'explorer mes limites pour éprouver ces moments de rare intensité. Le message envoyé à New-York était "Regardes, je suis vivant! et à travers moi ceux que j'aime aussi!". Maintenant que toute cette fièvre est un peu retombée, une question trotte dans ma tête : "Quel message vais-je pouvoir envoyer à Londres (22/04/2018)?". Let's take this town!        


Vous étiez dans ma tête et dans mes jambes...
Le gars de Sèvres vous salue bien!





vendredi 27 octobre 2017

la traditionnelle vraie/fausse interview à j-10!

Dans les studios de "Tout le Sport" à Meudon!
La voici enfin l'interview qui signifie "qu'on y est", que tout a été fait ou presque, qu'on a plus qu'à...Alors sans plus attendre, je vous laisse savourer les meilleurs moments de cet interview réalisée sans trop de trucages à Meudon le jeudi 26 octobre vers 20H...par nos deux correspondants sportifs de choc : Anna & Ruben!

Anna : Bonjour Silian. Tu permets que je t'appelle par ton prénom? Ça fait plus officiel...Bon alors dis-moi, dix semaines qu'on te voit partir tôt le matin, te plaindre de temps en temps, remplir tes feuilles d'exercices, charger ta montre, regarder tes séances sur l'ordinateur...bon alors, tu es prêt?

Silian : J'aimerai pouvoir dire ça. Pour une fois que je ne me blesse pas, que le plan a été suivi assez fidèlement, que les sensations étaient bonnes, que mon corps était parfaitement affuté, et bien trop facile, non? Alors j'ai fait LA CONNERIE!!

Anna : Hein? Quelle CONNERIE? (Anna me regarde éberluée)

Silian : Celle d'aller donner mon sang à moins de 15 jours d'une compétition!

Anna : Mais c'est une très belle action que de donner son sang...

Silian : Oui mais j'aurai très bien pu le faire après NY et non avant! Bilan la sortie de ce matin enregistre 10 pulsations en moyenne de plus que d'habitude. En clair, je vais avoir du mal à aller chercher le record...Tout ça pour 480 cl de sang. Que ma connerie serve au moins de leçon à d'autres. J'aurai du me renseigner avant. Comme quoi je suis encore un vrai débutant...Enfin sinon je suis assez fier de ma prépa même si elle ne servira plus à satisfaire mon objectif initial. Pour celles et ceux que ça intéresse, ils  peuvent aller voir sur Strava.com (athlète : Silian Journé).

Ruben :  Bonjour Silian...et oui gros moyens cette année, deux interviewers! Pour revenir à ce problème de sang, tu as tout de même tes jambes en pleine forme, donc tu peux faire quelque chose!

Silian : Merci mon Ruben pour tes encouragements mais avec un VO² max diminuée le transport de l'oxygène se fait beaucoup moins bien et donc les muscles supporteront moins l'effort, l'intensité et la durée. Faut juste l'accepter et attendre le moment de vérité, l'enfer du "dimanche" le 5 novembre.
Anna ne perd pas ses notes!


Ruben :  Qu'est-ce qui t'a le plus marqué lors de cette prépa?

Silian : J'aurai pu répondre mon "cardio" qui s’était franchement amélioré à la faveur du plan de Coach Rodolphe mais depuis mon don du sang, c'est plus ça du tout! Ensuite de bonnes sensations sur la conduite en course, notamment aux "20 kms de Paris" ou je ne me suis jamais senti aussi bien dans une compétition. Ça au moins je l'aurai vécu...et puis ma rencontre avec le vélo. Je pense l'intégrer sur une possible prochaine prépa.

Anna : Quoi? Tu vas encore refaire un marathon? Tu vas encore nous sortir tes crèmes à "bobos" et tes blocs de glace? Tu veux pas te calmer un peu?

Silian : Pas tant que mon corps m'encourage à continuer. Tu verras toi aussi plus tard...Et puis je peux pas arrêter les marathon sans faire "Londres" et son magnifique circuit qui finit à Buckingham sous les fenêtres de la Reine d'Angleterre. Tu seras d'ailleurs ravie de m'y accompagner, non? (Silian adresse un clin d’œil à Anna).

Ruben : Et moi aussi je serai du voyage! Question : C'est quoi ton objectif à New York?

Silian: Depuis ma grosse connerie, je dirai finir en 3H30. (Ruben semble déçu par ma réponse...)

Anna : Qu'est ce que tu redoutes le plus le jour de la course?

Silian : La chute est toujours possible, un trottoir mal négocié, une glissade à la Tex Avery...ou plus sérieusement le coup de pompe, le réservoir à sec, le rythme cardiaque qui s'emballe...

Ruben : Oui mais justement pour éviter tout ça tu prends des gels, des liquides?

Silian : la diététique de l'effort ne peut pas tout faire à ta place. la réalité du terrain peut  te réserver des surprises. Une température trop chaude, une attente avant le départ mal gérée, un jour "sans"...

Anna : Bon il va pas se plaindre l'athlète...il part 6 jours à NY courir avec 60 000 copains, il y a pire, non?

Silian : Tu as mille fois raisons ma fille mais quand on se frotte à la compétition on veut pouvoir tout maitriser quitte à être moins spontané et naïf que lors des premières fois. L'expérience mémorielle acquise lors des courses précédentes, tu ne peux pas l'effacer d'un grand trait, elle est en toi. Tu me suis?

Anna : Ouais...Bon qu'est ce que tu me ramènes de New York?

Silian : D'abord une belle médaille et puis deux trois surprises que je mettrai au fond de ma valise mais pour cela va falloir me le demander en anglais...

Anna : OK Dad, please bring me something from NY.

Silian : Sure I will.
Ruben wishs me good luck!

Ruben : Si tu devais retenir une seule image de tout ton entrainement, ce serait quoi? Et yes please Dad bring me something too...(Ruben me fait des yeux de chat).

Silian : Les deux chevreuils croisés en forêt de Meudon au levée du jour, aussi beau qu'inoubliable! Je devais être tellement léger dans ma foulée et avoir le souffle discret qu'ils ne m'ont pas vu venir. J'ai failli tomber dessus! C'était grandiose. Et Ruben, I won't forget you!



Anna: Donc en résumé une participation qui ne sera pas à "Sang %" si tu me permets le jeu de mot...
   
Silian : Tu as raison d'en rire. D'ailleurs de quoi je me plains moi avec mes deux jambes, mon cœur, mes bras et ma tête. je ferai ce que je ferai et j'ai déjà beaucoup de chance de pouvoir faire et donner le meilleur de moi-même. Cela est écrit, que cela se réalise! Et comme dirait mon amie Delphine, "c'est pas 3 globules en moins" qui vont me décourager...

En bonus, un extrait vidéo avec comme ingénieur du son, notre chatte "Vanille"...
 




mercredi 25 octobre 2017

Suivez le guide


Edition 2017 et 2010!
Ce week-end je courais ma dernière longue distance. Un 25 kms qui devait se courir à rythme lent pour moi, c'est à dire 5'10'' au kilomètre. J'avais envie d’accélérer mais Coach m'avait prévenu: Tu dois arriver frais à New York, donc pas de blagues! Alors j'ai enfilé les kilomètres à 5'10''. Arrivé au 20ème je me suis dit que 5'10'' c'était sommes toutes assez raisonnable comme rythme. En fait j'ai l'impression que je pourrai courir un marathon, sans aucune préparation, en imprimant un rythme de 5'10'' au kilomètre, ce qui ferait un bon 3H40 max à l'arrivée. Faudra que j'essaie un jour de relever ce défi un peu fou. Je m'imagine arriver dans une ville pour le week-end, tomber par hasard sur une affiche annonçant la tenue d'un marathon et me dire : Banco! Je le fais!

New-York approche à grand pas...Je serai en vague 1 (départ dès 9H50, soit environ 15H heure de Paris), en Corral "D" ce qui devrait m'assurer d'un bon départ avec des coureurs de niveau homogène...enfin espérons parce que la dernière fois j'en ai vu marcher dès le 1er kilomètre sur le Verrazano bridge! Une application type "tracking live" sera mise en ligne sur le site officiel. Grâce à elle, suivez votre coureur préféré...Dossard 12 607. 
https://www.tcsnycmarathon.org/race-day/mobile-app-and-runner-tracking


Le jour J, le programme devrait être le suivant : Petit dèj vers 04H avant de monter dans les bus à 5H.On devrait arriver au "Fort Wadsworth" vers 6H30 et là commencera l'attente... soit 3 petites heures à patienter souvent dans le froid et en statique. Malgré tout être en "Vague 1" constitue pour moi une chance car c'est toujours 1H voir 1H30 d'attente en moins que les vagues 2 et 3! L'attente du départ doit être bien gérée si on veut optimiser et conserver ses forces. L'idée consiste à bien s'équiper en surcouches de vêtements dont on se débarrasse au dernier moment. Il faut bien sûr prévoir de quoi boire mais le mieux pour attendre c'est d’être avec les copains. Le temps passe beaucoup plus vite, croyez-moi.
Que vais-je, cette fois-ci, inscrire sur mon teeshirt?


Bon je vous laisse, je dois aller régler quelques détails au sujet de ma traditionnelle vraie/fausse interview à J-10! Bonjour chez vous.



jeudi 19 octobre 2017

Courir après ses fantômes...

Excité comme s'il s'agissait de ma première participation, j'ai pris du plaisir à relire mon blog et les articles déposés avant et après novembre 2010 lors de ma première participation (voir sur ce blog). Certains m'ont arraché un bon sourire, d'autres m'ont profondément ému. J'ai bien fait de consigner tout ça car rien qu'en me relisant je ressens les mêmes émotions et mon corps retrouve un état émotionnel qu'il est tout à fait délicieux de ressentir à nouveau. "If I can make it here, I will make it anywhere" comme le disait mon message inscrit sur mon tee shirt un certain 8 novembre 2010. L'histoire a voulu, en effet, que je le fasse ailleurs...


Un septennat (oui je sais! on est passé au quinquennat mais je reste attaché à la formule voir à l'époque...) plus tard, j'ai acquis de l'expérience, couru plusieurs centaines de bornes et me suis aligné dans quelques compétitions. Bref, on pourrait dire que j'ai mérité un ou deux gallons de plus sur mon uniforme de marathonien. Donc je stocke (voir surstocke) de la confiance jusqu'au jour ou le facteur dépose dans ma boite aux lettres un courrier estampillé "Thomas Cook Marathon". Je me précipite naturellement sur l'enveloppe, l'ouvre nerveusement et j'y découvre un petit guide destiné aux coureurs du "NYC marathon 2017". La lecture de ce guide me fait déjà un peu voyager, je me vois arriver dans Manhattan bagages sous le bras et chaussures aux pieds. J'imagine notre temps de "loisirs" avant la compétition à base de visites (Liberty Tower, ONU), de décrassage dans Central Park et la course de l'ONU, de spectacles hauts en couleurs (Match NBA au Madison Square, Comedy à Broadway) et enfin  je visualise notre départ au Verrazano Bridge avec en musique de fond "New York New York". Et à cet instant précis, mon "stock" de confiance chute brutalement...j'ai les jambes dans du coton. Et si la pression du record était en train de me gagner? Car soyons clairs, je veux faire tomber mon record!
 
En "ghost mode". Cela fait référence au fait que je vais recourir dans mes propres traces ou dans celle de mes ainés. C'est un peu comme si j'avais devant moi ou à mes côtés mes propres fantômes des éditions passées (2010 et 2014) ou celui de Jean-François qui me servira de lièvre (voir de guépard, avec son 3H20 gun time en 1982 s'il vous plait!). Je ne dois pas trop m'éparpiller et respecter mon plan jusqu'à Central Park. Seule mon allure permettra de me dire si j'ai de l'avance sur mes fantômes. Une fois atteint, je pourrai me laisser griser et envoyer ce qu'il me restera (ou pas) sous les pieds. Je sais au fond de moi que je n'ai jamais été aussi bien préparé et que sauf accident nucléaire, mon propre record devrait tomber mais l’excès de confiance fait faire de belles conneries aussi, alors "moderato".

Ces moments à environ deux semaines sont énormes! A vrai dire, c'est presque ce que je préfère. L'entrainement touche à sa fin, l'intensité diminue et l'on se projette déjà dans l'événement. C'est totalement électrisant, croyez-moi. La course prend le dessus et occupe presque à temps complet votre cerveau quand vous ne courez pas. Vous appartenez déjà, votre esprit du moins, au "Mythic", "Monumental", "Great", "Fantastic" Marathon et ses légions de coureurs américains et surtout étrangers.

Pour autant, je n'en oublie pas moins les "damaged people", dont certains très proches, occupent aussi pas mal mes pensées en ce moment... A chaque sortie, je pense à eux. J'aimerai qu'ils aillent mieux, qu'ils retrouvent leur cadre normal et une douceur de vie méritée. Quelquefois j'aimerai aussi qu'ils puissent être présents à mes entrainements. Alors je fais un peu comme s'ils étaient là, j’accélère le rythme, j'allonge la foulée, je cours sans ménagement et je m'adresse secrètement à eux : "  t'as vu? moins de 3' aux 800 mètres, pas mal, non?". Ils sont un peu mon carburant et serons bien sûr dans mes jambes et dans ma tête à NY.









lundi 16 octobre 2017

Se régler aux "Fedies"


"C'est haut c'est haut New York USA...", Cathédrale Ste Cécile d'ALBI aussi!
 J-20!  Si proche du but, maitriser l'allure "fondamentale" est quasi vital si on veut espérer construire une vraie performance. Pour préciser les choses il s'agit de l'allure  qu'on va être capable de tenir pendant au moins 25 voir 30 bornes sans décliner, sans ralentir et sans être dans le "rouge", c'est à dire à une fréquence cardiaque acceptable. Pour ma part, j'ai décidé de régler mon "moteur" à un régime de 4'40'' au kilomètre pour un cardio avoisinant les 140/145 pulsations minute, ni plus ni moins! Ce que je m'efforce de faire depuis maintenant 8 semaines, c'est d'apprivoiser cette allure fondamentale.

Samedi matin dernier, jolie ballade et repérage d'un beau ruban bitumé près de Gaillac (Tarn). Conditions de rêve, quoi qu'un peu chaudes, à proximité immédiate de mes bien aimés Broquet. La boucle fait un peu plus de 5kms, plat de chez plat, quelques généreuses courbes plus que des virages, 100% asphalte, bref un vrai circuit de "Formule Marathon".  

Dimanche matin, 9H30, je lance mon moteur à "2 pattes" pour 5 belles boucles. 2H plus tard (25 kilomètres), le verdict tombe : mon moteur est correctement réglé. Les tours s'empilent à 4'39", 4'40", 4'41", les horlogers suisses apprécieront...mes carbus sont ajustés! Reste à refaire la même chose à New York sur une plus longue distance, avec les ponts, la foule et les odeurs de hot-dog en plus.

Aux "Fédies" l'allure tu trouveras! Le soleil et l'amour des Broquet aussi!

 










Je quitte à regret les Broquet mais j'emporte avec moi ces bienfaits invisibles : confiance et maitrise. Bref une belle monnaie d'échange à faire valoir à NY contre le plus beau métal et chrono qui soit!

 

mardi 10 octobre 2017

Tout sur le 7!

Shirt OK!
Voilà presque deux mois que je me prépare pour le marathon de New York. Je vis un entrainement plutôt intense concocté par mon ami "Coach Rodolphe" et le moins que je puisse dire c'est que je ne me suis jamais senti aussi bien, aussi facile et aussi rapide...Je me sens enfin au niveau de ma VMA (valeur 17). Je ressens comme une paix intérieure. Oubliés les bobos, mon corps me surprend encore! Je viens d'écraser de deux minutes mon temps aux "20 kilomètres de Paris" en 2012. Cinq ans plus tard, je continue donc de progresser. Ou se situe la limite de mes progrès? Quand vais-je voir mes performances décliner? Mon cardio n'a jamais été aussi bon mais je ne dirai pas la même chose de mes muscles. J'en arrive à la conclusion que désormais je vais composer avec le trio suivant : cardio, corps et psycho. Chacun joue un tiers du boulot final? Pas facile de répondre.

Mon poids fait souvent l'objet de commentaires. On me reproche d'avoir trop perdu sans comprendre que le poids est précisément l'ennemi N°1 du marathonien. J'ai peu de contrôle sur mon poids car la répétition des entrainements associé à une hygiène de vie que je qualifierai de "correcte" me tire vers le bas, c'est inévitable...(parlons chiffres : 83kgs en avril, 76 à cette heure). Je ressens enfin la véritable sensation que d’être "affuté".

Je me mets à rêver de chronos que je qualifiais il y a peu d'inatteignable. Je me précipite sur mes temps en marathon et je décortique mes temps au kilomètres pour essayer d'évaluer mes chances compte tenu de ma forme actuelle. Et là je pédale à rebours et réalise que la perf est loin d’être acquise. Le marathon est une discipline totalement métrique dont le succès réside dans la maitrise parfaite du rythme, la connaissance et l'écoute de soi. Cette maitrise est le fruit de centaines d'heures d'entrainements qui aboutissent pour moi en ce moment à la question suivante: puis-je tenir 42 bornes à 4'40'' du kilomètre? "Le diable est dans les détails" et il me reste encore un mois pile pour en régler certains (hydratation, ravitos, alimentation, pdj du matin...). Je suis content de me savoir en appart hôtel avec mes amis à NY. Nous allons pouvoir nous préparer ce que l'on veut à l'heure ou on le veut, priceless! Je mesure pleinement la chance et le privilège que j'ai de pouvoir vivre cette passion et de la vivre au cœur d'événements aussi dingues que celui de New York (avant Londres, hé hé...c'est officiel en avril 2018!!). Je suis attiré par cette foule qui gronde, ces regards inquiets avant une course dans les yeux de ceux qui doutent, ceux qui ont "sauté" une séance, ceux qui ont escamoté l'entrainement, ceux qui de toutes façons n'ont jamais totalement confiance en eux et ceux là mêmes baissent le regard quand ils croisent le camp des "forts" qui vont montrer, eux, qu'ils n'en ont sous le capot, qu'ils ne sont pas là pour rigoler, qu'ils sont "faciles" dans l'effort avec le chrono au bout, qu'ils n'en feront qu'une bouchée...J'aime ressentir cette tension avant une course. J'apprécie ce "théâtre d'intentions" dont les affiches prometteuses réserve parfois des "passages à vide", des "jours sans", des "pas de chance" et plus grave des "qu'est ce que je fous là"?

Quand je dis que je retourne courir le "Fabulous Marathon" de New York, on me dit souvent : "mais tu l'as déjà fait...". Oui, c'est un peu comme le ski, on y pas souvent mais on adore y retourner, pas vrai? Le marathon c'est un peu pareil sauf qu'il y une bonne phase de préparation en amont. Pourquoi ne pas refaire ce qu'on aime tant qu'on peut? Bien sûr, la "première" est particulière. Je me souviens d'une émotion très particulière un jour d'octobre 2010 quand j'ai reçu par la Poste ma tenue complète estampillée "FRANCE Marathon" expédiée par Thomas Cook. Je touchais enfin un peu mon rêve : j'avais l'habit, un peu les jambes et le mental au beau fixe! Il faisait très beau ce jour là. Malgré une température assez clémente, je revêtis le beau sweat-shirt "France Marathon" et j'allais faire un tour de quartier histoire de montrer à mon quartier que je m'apprêtais à "en être", à faire partie de celles et ceux qui vont au bout. Je crois que j'aurai pu courir un marathon ce jour là.
    
New York sera mon septième marathon. Je me verrai bien taper mon propre record (3H26  BERLIN). Je vais tout faire pour, croyez-moi. Alors tout sur le 7! 

  




vendredi 30 juin 2017

mardi 27 juin 2017

Dans les traces de Kilian

Ça aurait peu être la photo du WE! Kilian et Silian!
Week-end de rêve à Chamonix Mont Blanc. Comment résumer toutes ces émotions et ces images que j'ai encore en tête? La tache me semble d'un coup presque aussi ardue que de recourir le fameux marathon qui soit dit en passant ne fait pas 42 mais plutôt 44 bornes... Allez je me lance je suis sûr que je vais arriver à vous faire partager ces doux instants de folie et d'efforts. Alors vous êtes prêts pour vous mettre un peu dans ma peau?

Samedi matin Orly Ouest, mon seul stress réside dans mon bagage cabine bourré de gels et de poudre énergétiques. La pochette en plastique de 20 par 20 est archi pleine mais la sécurité est clémente au vu de mon matériel de course. On me laisse tranquille. La fille chargée de scruter le contenu des bagages au rayon me dit "votre grosse boite c'est du thé?" "Non c'est du Gatosport". Je m'entends lui répéter 3 fois "Gatosport". Je crois bien que c'est la première fois qu'elle en entend parler.


Mont Blanc inspiration!
Samedi 12H, j'ai quitté l'aéroport de Genève depuis une demi heure. Cela me fait bizarre de me trouver dans un taxi collectif dans les alpes et me dire que je ne vais pas aller skier. Ou sont mes amis espagnols et autres parisiens avec qui nous serions déjà en route pour Avoriaz? Mais non...nous roulons sur l'autoroute blanche. Chamonix 45 bornes. Tiens...c'est presque la distance à parcourir dimanche. Le mini bus est rempli de touristes venus faire des courses en montagne, des anglais qui retournent dans leur villégiature et moi qui lit un bouquin de Sylvain Tesson dans lequel il raconte sa longue traversée à pied, à cheval ou en vélo de Sibérie aux Indes sur les traces des évadés du Goulag. Mon trail me semble bien modeste à côté de cette aventure hors normes...

Suivez le Guide!
Samedi 13H30, je suis dans la queue pour le retrait des dossards et la vérification des sacs. C'est assez long car les organisateurs vérifient scrupuleusement le contenu obligatoire : veste de pluie, couverture survie, téléphone chargé, réserve d'eau 1.5l, gobelet, sifflet...puis te font signer une décharge comme quoi tu reconnais être conscient de l’environnement dans lequel tu t'engages. Dans la file d'attente j'ai tout le loisir d'observer ceux qui prendront comme moi le départ dimanche matin. Tous sont super affutés et ne parlent que de trail. Age moyen de tous ces guerriers des chemins de montagne? 35 je dirai. Pour eux faire du Trail semble aussi facile que de respirer. "Alors cette maxi race?" "Ouais facile, tu fais la 6000D en aout?" Ils en étalent, ils font les beaux, ils sont très sûrs d'eux. Ces mecs (assez peu de filles faut dire...) ne semblent pas connaitre le doute ou l'échec. Ils entretiennent leur petite comptabilité de kms et dénivelés courus dans l'année. Si chaque kilomètre était rémunéré, certains de ces mecs là seraient riches, très riches! Fort heureusement, ils font ça par plaisir, par envie de monter ou descendre des montagnes et pouvoir se dire en rentrant : Je suis passé par là. Ils affichent des sourires insolents genre "même pas peur". Bon, très bien, on verra ça dimanche les gars.
Touriste à plan de l'Aiguille H- 14

Samedi 15H30, je m'offre une visite de l'Aiguille Rouge et une petite séance d'oxygénation par la même occasion. Le décor est sublime! A couper le souffle. Le Mont Blanc me fait un clin d’œil. je pourrai presque le toucher. Il y a 34 ans, j'étais sur ton toit avec mon père, j'avais 13 ans. Ce moment, je m'en souviens encore. Cette émotion je la ressens encore. Si j'écoute mon corps, j'ai la satisfaction de sentir que tout est encore là, comme avant. Ces 34 années n'ont rien altéré, au contraire.
Je quitte le site en ressentant de la sérénité une vraie plénitude, bref, je suis bien!

Le Podium est en place
Assez content de la cuisson du gatosport. A table!
Samedi 20H, je récupère le "Gatosport" que l'équipe de l'hôtel m'a gentiment cuit. Il est comme je les aime. Doux comme un fondant au chocolat. Je pars en ville en quête d'un bon plat de pâtes et reviens dans ma chambre pour 21H30. En mangeant une partie de mon Gatosport, je fais ma check-list pour demain: dossard épinglé, boisson prêtes à être mélangées, gels sélectionnés, MP3 et Gopro chargées, Nok sur ma table de nuit pour badigeonner mes pieds, bandana sorti, sac coureur d’après course prêt et enfin montre GPS chargée à 100%. Veille de course, forcément l'excitation joue un peu les trouble fête. Seul dans ma chambre je me refais la rétro des trois mois de prépa. Je me sens serein. A part une chute, je ne crains rien. J'avale un petit cachet histoire de favoriser ma rencontre avec Morphée ou sa remplaçante. Personne de vient me chercher...j'attends et finalement le marchand de sable passe vers 11H30.

Départ dans 20'!
Dimanche 05H30 (enfin 5H25) "Bonjour c'est votre réveil". Le réceptionniste a 5 minutes d'avance mais je ne lui en veux pas. Il a du boulot ce matin car l'hôtel est rempli à 50% par des coureurs. Certains ont décidé de prendre leur petit déjeuner dès 5H15 alors qu'on est à 300 mètres de la zone de départ...Ça sert à quoi d’être sur la ligne trop tôt? A gamberger! J'ai opté pour un horaire "sans gamberge". Petit déjeuner à 05H45 avec le reste de mon fameux Gatosport, brossage de dents, alimentation de ma poche d'hydratation, crèmes anti frottement sur toutes les zones concernées..., remplissage de ma deuxième gourde chargée en anti oxydants, pose du bandana, 2 gouttes de parfum pour masquer l'odeur de la crème et voilà je suis dans les rues de Cham. Bonjour "Mont Blanc" comment vas tu ce matin? Quel temps va t-il faire? Le ciel est un peu chargé mais les organisateurs promettent une belle éclaircie. 6H40, je suis au départ et les visages de mes amis trailers affichent nettement moins d'insolence comme si la nuit leur avait enlevé un peu de leur assurance. Certains ou certaines adressent des bisous à des proches venus les voir partir et leur font des grands signes de la main. Pouce levé, ça va aller, tu vas y arriver, t'inquiète, t'es le meilleur...bref grande séance collective d'auto persuasion qui au fond ne dupe personne. La vérité du terrain va en faire souffrir certains plus que d'autres et pour environ 8% ce sera l'abandon. Cette stat je n'y songe même pas. Moi j'ai un Trail magnifique à honorer et un avion dans la foulée. "Coureurs départ dans 2 minutes". Les coureurs "Elite" sont en place à quelques dizaines de mètres de moi. De là ou je suis je n'aperçois pas Kilian, dommage, mais je sais qu'il est là, devant moi, tout près et ça me motive. Tu vas voir Kilian ! je ne suis pas né dans les Pyrénées, je n'ai pas vécu en montagne mais je sais courir et je vais te le montrer! Parole de Silian. Le départ est donné, on progresse lentement dans les rues de Cham. Le coach m'a bien prévenu " tu restes le plus frais possible pendant 3/4 heures, à la sensation, pas de surchauffe...". Promis Coach, pas d'allure inconsidérée, je lui fais une confiance aveugle car le gaillard sait de quoi il parle!

Une heure plus tard j'arrive à Argentière et en passant la cellule de chronométrage je pense à tous mes proches qui me suivent sur le "tracking Live". Ils viennent de recevoir ma première progression. Il en sera de même à chaque futur passage de cellule (6 en comptant celle de l'arrivée). A chaque franchissement je leur envoie un message: Hé je suis là, je suis toujours en course, toujours vivant! Je leur dois bien ça après l'avalanche de messages de soutien que j'ai reçu. Touchant, vraiment!

Qu'est ce qu'ils font comme bruit ces gars avec leur bâtons! En plus d’être difficiles à doubler, j'ai toujours peur d'en voir un me planter son bâton dans le pied. Du coup j'annonce de quel côté de dépasse pour éviter leur banderille. "Sur ta gauche, merci!". Et puis c'est marrant mais on les entend beaucoup moins  parler de lors exploits à la "Maxi Race", à la "SaintéLyon", à la "CCC", non beaucoup plus introvertis je vous dis...à part leurs bâtons qui font "cling cling". J'entends certains se plaindre de leur cardio ou d'autres souffler assez fort alors que nous sommes qu'au douzième kilomètre...bon courage parce que là c'était juste un apéro! Dans la descente vers Vallorcine je prends une grosse pluie qui n'a strictement aucun effet sur moi, bien au contraire. Aujourd'hui je sens que c'est mon jour alors c'est pas un peu d'eau qui va m’empêcher d'avancer, alors j'ouvre grande ma gueule histoire de m'hydrater naturellement. La pluie cesse, elle abandonne! C'est alors mon mollet gauche qui m'inquiète. Ce ne serait pas un petit début de crampes là? A cette distance avec cette intensité? Pas possible, disparais, on me la fait pas! La douleur elle aussi capitule et s'en va sur la pointe des pieds...

Chaque ravito est un vrai réconfort. Je n'hésite pas à reposer mon corps environ 5 minutes que je consacre à m'hydrater en eau claire (sans produit isotonique) et à m'alimenter en produits frais (figues, raisins) ou barres céréales. Je lorgne un peu sur le fromage mais Coach me l'a défendu...
Au redémarrage je me sens fort, ma foulée est bonne mais je dois vite me raviser pour ne pas me cramer et respecter le contrat fixé par Coach Rodolphe: 3/4 heures en sensations, après on voit...
2 heures de course, arrive la fameuse montée du col des Posettes. J'ai calculé qu'elle devrait me prendre 1H30. Le début ressemble à un vrai mur et peut faire peur quand on sait qu'il y a 6 kilomètres de montée! Je la gère mentalement. Tu crois me faire peur avec ton dénivelé à faire pâlir un parisien mal acclimaté aux montagnes? Tu vas sentir mes pas ma grande! Je la piétine pendant 1H30! La fin de la montée au col est fraiche, on dépasse pas les 10°C. En pleine brume, le soleil lutte et nous envoie quelques rares rayons. Je les accueille bien volontiers car contrairement à beaucoup de coureurs je n'ai pas sorti de veste et mes mains commencent à se refroidir malgré l'effort...Commence ensuite la grande descente jusqu'au "Tour". Là il faut être lucide et bien voir ou on met ses pieds. Doubler dans la descente est très compliqué pour ne pas dire risqué. Très peu le font. Je me contente de suivre le rythme assez cadencé et me dis que je suis presque au bout du contrat des "4 heures de fraicheur" de Coach Rodolphe.

Le tatoo du parcours et mes "3 amours" accrochés à mon poignet
4H "Le Tour", te voilà! Mais c'est vrai que ça répond plutôt pas mal aujourd'hui. Il me reste 2 belles bosses ainsi qu'une longue montée à Plan Praz mais l'objectif des 7H est à portée de pieds. 20 minutes plus tard je suis à "Tré le Champ". Je regarde régulièrement mon "tatoo" qui affiche le profil complet de la course. Pas compliqué de comprendre qu'il ne me reste plus que 12 petites bornes. Sur plat j'aurai mis une heure mais ici en montagne il faut multiplier par deux mini. Au ravito, je dégaine mon  MP3 car je n'ai plus envie d'entendre ces bâtons taper au sol. Et puis d'abord, est-ce que Kilian court avec des bâtons lui ? Eh bah Non! Ça fait un peu "artif"vos deux sticks en titane ou autre alliage léger. Et Boum un mec en bâtons qui se vautre. Sans tes deux tiges, t'aurais probablement tenu...dommage mec. Avant la remontée sur "Flégère" il y a une descente très technique avec de grosses racines bien humides, des pierres instables et des déclinaisons terribles. J'essaie, un instant, d'imaginer Kilian dans ce profil. Il a fait comment là?

5H de course, c'est la première fois que je vois s'afficher le chiffre "5" en heures sur ma montre! Je ne vais pas pour autant organiser de petite célébration parce que sinon j'ai pas fini. Je suis sûr de bientôt voir le "6" et peut-être le "7". Que de premières en une journée! La montée à "Flégère" me coûte mais je double quelques "bâtons". Dans ma tête, "Flégère" c'est 5 kms de l'arrivée soit grosso modo une heure. Les 400 derniers mètres avant Flégère sont totalement dégagés et empruntent une pente bien  râpée qui raccorde à un télésiège l'hiver. J'ai alors la vision d'un long serpentin humain luttant pour atteindre le ravito toujours trop loin...chaque pas compte. Allez! Après Flégère c'est gagné. Intérieurement, sans que j'ai besoin de le réclamer ma tête est en train de prendre le commandement. Observatrice et peu active, ma tête sait qu'elle doit entrer en scène et m'aider à finir le boulot. A ce jeu là elle est très forte ma tête, je vous assure. Et cette bascule de commandement se fait naturellement. "Ici la tête, je prends la manœuvre!".

Ah 6H15 déjà... Youpi je fête un nouveau chiffre inédit. Depuis "Flégère" je reconnais très bien le parcours final qui est commun à celui du Cross. Je repasse devant les endroits ou j'avais terriblement souffert de crampes en 2011(voir CR sur ce blog/ juin 2011). La différence de fraicheur et mon mental de l'instant me font littéralement jubiler. Du coup l'émotion me parcoure tout le corps, j'ai la joue un peu mouillée... "Oh la tête! C'était prévu ça? On n'avait pas dit qu'on gardait des larmes pour la fin?"La tête a trop de boulot pour me répondre, alors j'avance. 06H30, bon c'est pas bientôt fini, là? Enfin j'aperçois la zone arrivée sauf que pour y arriver il me faut faire encore deux bons kilomètres et que ma montre affiche déjà 42 kms! Qui ment? (Foi de coureurs, le tracé fait plus que 42, tout le monde me l'a confirmé!). Ma montre d'ailleurs n'a plus la pêche. Elle affiche "batterie faible" depuis une bonne heure et j'ai peur qu'elle n'arrive pas au bout. J'ai mes trois amours au bout de mon poignet gauche (bracelet blanc et vert d'Anna, le bleu de Ruben et le rose de Minou) et leurs bons fluides émotionnelles qui vont avec. C'est beaucoup mieux que vos bâtons les gars! "Attention PNC dernier virage" et amorce d'une petite descente. Le chapiteau d'arrivée est là, à moins de 300 mètres. Il y a plus qu'à se laisser porter. Je fais mes nouveaux gestes de "célébration" que j'ai inventé durant cette prépa: je remercie d'abord mes pieds et mes chaussures, ensuite mes jambes, puis mes bras, mon cœur et enfin ma tête! Je franchis la ligne les bras écartés rageusement. "Oh Les larmes!! Bordel les larmes!! vous dormez? On avait dit les larmes à l'arrivée!" Et bien non...ma tête n'a pas jugé bon d'envoyer les larmes... Elle a de façon très élégante quitté le dispositif me rendant un état des lieux propre et clair. "Marathon terminé, mission accomplie, fin du dispositif, retour à la base. Bravo Kilian, pardon Silian!". 6H55 d'efforts dans les traces de Kilian (arrivé lui en 3H45!), 641ème au classement général (sur plus de 2000 participants) et 175ème en catégorie Vétérans 1 Hommes.

Je ne veux pas voir un bâton sur cette photo merci!
J'ai donc pris la suite. Vérification du sac à l'arrivée (les commissaires de course ne rigolent pas!), récupération du plus beau métal (la belle médaille du 42!) et enfin celle que beaucoup attendaient : La bière de Chamonix versée abondamment dans mon grand gobelet en plastique. La première gorgée de cette bière fraiche face au Mont Blanc brillant sous le soleil m'enlève toute douleur. Je vis ce moment unique et magique bien à moi avant d’appeler Minou (que j'arrive pour une fois à joindre...miracle...tout marche parfaitement aujourd'hui 😄 ). La suite, vous la connaissez surement (voir sur ce blog ma "vraie/fausse interview") après la bière, une glace et enfin une douche!


La glace! (cassis /citron)
Quitter Chamonix n'a pas été facile. Les rues évoquent ici des héros que la montagne a façonné et parfois endormi à jamais, des noms d'alpinistes qui te font vite retrouver humilité et respect. Ah, c'était tellement bien! Il ne manquait que la petite photo avec Kilian...une autre fois sûrement. 

Lundi matin, même pas mal! Mes jambes sont loin d’être douloureuses. C'est comme si je n'avais rien fait hier, enfin presque. Incroyable! Coach Rodolphe m'a fait un super plan qui m'a permis d'avaler un trail de 42 bornes sans avoir mal. Dingue...J'ai encore clairement la tête à Chamonix mais la vie reprend son cours normal. Cette expérience sera une ligne de plus à inscrire à mon palmarès (le titre de ce blog a d'ailleurs été modifié pour les plus fins observateurs...). Ce trail me rapporte "3 pts" qualificatifs. Pas le genre de points pour m'offrir un café dans une station service, non, des points pour m'inscrire à d'autres courses plus longues, qui finissent plus haut et qui font forcément un peu plus mal...le genre de courses dont sont adeptes mes "copains à bâtons". Par exemple le fameux "UTMB" requiert 15 pts en 3 courses et ce dans la même année...

Je vais ranger tous ces beaux souvenirs et les garder au fond de moi. Je vais accorder quelques vacances à mon corps et le distraire un peu avant ma future prépa (New York Marathon). Je profite de ces dernières lignes pour remercier Coach Rodolphe dont l'efficacité du plan m'a permis de concrétiser un rêve. Enfin la dernière image est celle de cette petite fille dont j'entends encore la voix à "Tré le Champ". Je n'arriverai jamais à dire "merci" à celle qui m'a véritablement touché avec son "courage les coureurs!". Et bien oui petite fille, tes encouragements m'ont fait du bien et m'ont porté et vois ce que j'ai accompli un peu grâce à toi!  




jeudi 22 juin 2017

Passer son corps au révélateur


Finalement finir "1er" en + de 4H ne me rassure plus tant que ça!
Ca y est! Nous y sommes! Ma dernière sortie était précisément ce matin. Un modeste jogging de 50' mais durant lequel j'ai ressenti une véritable émotion en courant parmi ces endroits si familiers : l'observatoire de Meudon, l'avenue du Château, la petite portion cassante du Paris Versailles, les bois de Meudon et ses odeurs de bois coupé, la tour Hertzienne, Marcel Bec... J'ai biffé fièrement cette dernière séance d'un trait jaune fluo. Et hop, good bye feuille N°4/4! Fini l'esclavage des feuilles et des séances qui se succèdent, place maintenant à l'événement, à ce que j'aurai mis 12  semaines à m'offrir: être prêt pour le Mont Blanc.

Départ samedi matin pour Genève puis Chamonix. La liste des choses à emporter est assez simple : de quoi courir, des trucs à boire et manger avant et pendant et enfin une trousse de toilettes et de quoi se changer après. J'ai eu la confirmation de la présence de Kilian qui s'élancera comme moi dimanche à 7H. Lui risque de battre le record (4H?) et moi d'arriver 3 heures après son Excellence...un monde nous sépare mais on finit par profiter de la même montagne. Je sais que je vais connaitre des moments un peu "durs" mais ce que j'ai fait m'a suffisamment préparé. J'ai juste envie que mon corps honore son contrat. Après quoi, je lui offre 7 petites semaines de vacances méritées avant de reprendre un autre entrainement (Marathon de NY).
Bye Bye Feuille N°4/4!

Tout est désormais au vert pour vivre ce moment espéré depuis douze semaines. Tout faire pour que ce moment soit un "bon et grand moment". Mettre son corps et son esprit en alerte pour savourer chaque foulée, chaque kilomètre et retomber en amour avec ce paysage majestueux et grandiose!

Et si ma montre décidait de s'arrêter avant le terme de cette course? Je n'ai jamais couru plus de 4 heures et 15 minutes...va t-elle supporter 6/7H? Côté Gopro, je suis fixé. Une batterie en mode veille cesse au bout d'environ 4H. Du coup je suis bon pour acheter une batterie de secours si je veux filmer le final. La dernière semaine est clairement réservée à ces petits détails qui peuvent agréer la course ou la gâcher.Il faut aussi être plus "flex"avec son corps, le laisser vagabonder un peu avant que la fin de la récré ne sonne. Franchement à part mon expérience du cross en 2011 (voir CR sur ce Blog...) et plus récemment mon Trail marocain, je manque un peu de repères. La météo va t'elle aussi nous jouer un vilain tour? C'est encore caniculaire aujourd'hui et demain à Chamonix, qu'est-ce que dimanche nous réserve? Je trépigne, j'ai envie d'en découdre, je savoure ces moments précieux, ces petits instants faits de rien du tout mais qui t'irradient déjà d'un doux bonheur. Je viens d'avoir une idée! Il faudrait convertir ces bons fluides en une sorte de médoc, en petites pilules à prendre les jours "sans".

Tout prêt du Maitre absolu (Kilian Jornet), du moins sur la liste des inscrits...Silian n'est pas Kilian!

Le règlement c'est le règlement! Gare aux contrevenants!


Et enfin Cadeau : Le lien pour me suivre "LIVE" dès dimanche 7H. N° dossard 236 JOURNE Silian. Ne pas confondre avec Kilian...de toutes façons vous verrez de suite la différence...
Site LIVE pour me suivre dimanche...

En haut à gauche, entrez mon N° de Dossard ou mon Nom.

vendredi 16 juin 2017

La vraie/fausse interview de Silian à J- 9!

Interview réalisée à Meudon le jeudi 15 juin 20H.
"El Nino" prêt à répondre aux questions
"Bonsoir Silian. Tu as souhaité renouer avec cette sympathique et vieille tradition de l'interview à J-10, peux tu nous dire pourquoi?"

Un peu déstabilisé par cette première question...
"Eh bien, j'y tenais parce que c'est un moment fort qui marque la fin d'une préparation qui aura été plutôt rude mais j'espère payante!"

"Justement parle nous de cette préparation et des ces feuilles marquées au jaune fluo"

" Le coupable s'appelle Coach Rodolphe! Sans lui je ne pense pas que je me serai imposé une telle prépa, avec de tels dénivelés et nombre important de séance. J'ai perdu plus de 6 kgs durant cette prépa, soit un poids final d'environ 77 kgs contre 84 au démarrage. Je suis très content d’être arrivé au bout grâce à un super kiné qui m'a littéralement libéré de mes contractures. Ziad Mourad à Meudon est un kiné que je recommande chaudement."

"C'est vrai qu'on te trouve très affuté, bravo!"
Silian regarde son pantalon et relève la tête.

"Tu vois cette ceinture? J'ai du y faire un nouveau trou comme sur la plupart de mes autres ceintures.C'était ça ou mettre des bretelles..."
La feuille N°3 /4, le gros morceau!

"Parle nous un peu de ton incident, encore aux cuisses je crois et de ton Kiné?"

"C'est encore une fois une belle histoire et une bonne rencontre. J'arrive chez lui blessé à une cuisse et je pense sérieusement ne pas recourir avant 8/10 jours. Il me remet en selle en 4 jours! Un kiné en or  je vous dis"

"Quels ont été les moments forts de cette prépa?"

"Le plus beau moment est sans conteste ma sortie aux 25 bosses de Fontainebleau, magique, enivrant! Ma sortie longue en Crète était assez marquante aussi. Très beau décor avec cette sortie aux 6 chapelles si je me souviens bien. La plus dure reste ma rando course par plus de 30°c. 4 heures d'efforts pour ne croiser que 4 coureurs! C'était de la bonne folie douce, le genre de sortie qui te rend plus fort à la fin. Le type d'expérience qui durcit et façonne un peu ton mental. J'aime ces mises en difficulté volontaires car c'est finalement de celles-là que tu apprends le plus, le reste n'est que répétition et digestion de kilomètres".
Quand ta Garmin est à plat...vite Ruben prête ta montre!

"Qu'as tu changé par apport à d'autres prépa?"

"Hygiène de vie plus marquée. Tous ceux qui m'ont croisé en mai et juin peuvent en attester! J'ai aussi intégré plus de séances de récupération que je négligeais avant"

"Récupérer...mais comment fais-tu?"

"Au milieu de la semaine entre deux sorties, j'en profite pour nager et faire un peu de vélo".

"Le marathon du Mont Blanc est dans 10 jours, dans quel état d'esprit te présenteras tu à Chamonix?"

"Confiant au sujet du volume et de l'intensité de l'entrainement réalisé mais conscient que je vais pénétrer dans une zone inexplorée jusqu'ici. Courir 42 bornes avec 2700m de D+ équivaut selon certains  à courir un peu moins de 70 kms sur sol plat...or ma frontière se limite à 42! Comment va réagir mon corps, vais-je y parvenir, vais -je découvrir de nouvelles difficultés?"

"Mais c'est bien le propre de ton entrainement? Te préparer au mieux à ces conditions, non?"

Silian semble s'énerver..."Eh, l'entrainement est une chose, le jour J
 c'est autre chose!" Il se radoucit..."j'ai encore en mémoire mon arrivée au Cross du Mont Blanc, une souffrance mêlée à de de la joie, unique mais quel avertissement! D'une certaine façon l'Utat me sert aussi de référence mais ce n'était que 26 kilos...".

souvenir de mon "trail impro" des 6 chapelles.
"Storm is coming" Merde! j'ai rien prévu!










"Donc en résumé confiant mais prudent?"

"Oui c'est ça (il regarde sa femme passer). Je t'ai parlé de ma logistique pour le Mont Blanc?"

"Euh...non, de quoi veux tu parler?"

"Le facteur temps est important car le départ est à 7H du matin, je compte mettre un peu moins de 7H. De Plan Praz il me faut redescendre en téléphérique, ce qui devrait me permettre de rejoindre  Cham vers grosso modo 15/16H et ma navette est à 17H, ce qui devrait me laisser le temps de prendre une douche et de filer reprendre l'avion...Donc j'ai au final assez peu de latitude".
"Qu'as tu retenu de cette préparation?"

Le portable de Silian sonne. Silian dialogue avec un certain Kilian J à qui il adresse ses encouragements. "Désolé, oui reprenons...Ce que je retiens de cette prépa? Encore une fois un entrainement très solitaire faute de partenaires motivés ou dispos...je rigole! Non c'est vrai je me suis tout mangé tout seul, soit environ 40 sorties, pas une en duo! Coach a surement raison, c'est en courant en groupe que tu te pousses un peu plus. Promis la prochaine prépa, j'y penserai sérieusement!"

"Prochaine prépa? Tu as quelque chose en tête? Dis nous tout..."

"Je retourne à NY! Voilà, c'est dit, c'est officiel. Je compte régler quelques comptes là bas avec ce Magic Marathon qui m'inspire, que j'adore mais qui n'est pas donné. Accompagné de Delphine, d’Édith et d'Olivier on va passer un sacré moment là bas. Objectif : passer sous les 3H27."

"As tu un truc qui t'aide à mieux courir? Tu penses à quoi au juste pendant l'effort?"

"Je vais te faire une confidence. Je vais te révéler comment moi mais aussi tous mes camarades coureurs, trichons!"
 
"Quoi! Pardon? Tricher? Tu peux t'expliquer?"

"Je pense que chaque coureur avec un peu d'expérience se reconnaitra dans mes confidences...écoute moi bien...je ne cours jamais 20 bornes mais plutôt 4X5 kms, quand je fais une série de 15, j'en fais en réalité 3X5, nettement plus facile...Tout est affaire de division, c'est ainsi que ça passe mieux crois moi! Qu'est-ce qu'un marathon? C'est un parcours de 8 longueurs de 5 petites bornes chacune, les deux dernières sont presque offertes... mais jamais 42.200 mètres! Crois moi, on est tous des diviseurs/tricheurs mais au final on arrive au même résultat."
  
"As tu un souhait particulier après ce fameux marathon du Mont Blanc?"

"Oui celle d'une bonne bière à l'arrivée, d'une glace italienne dans Chamonix et d'une bonne douche! C'est ça le bonheur XXL du traileur: une bière, une glace et une douche!"

"Silian, je te remercie de m'avoir accordé quelques précieux moments d'avant course, je te souhaite le meilleur. Sois fort, sois grand et profite bien de la Montagne!"

Parcours du marathon du Mont Blanc

Profil du marathon du Mont Blanc




mercredi 7 juin 2017

25 bosses et mille raisons


Pour ma dernière sortie longue (3H), je me suis offert un beau décor et un merveilleux parcours : les "25 bosses" de Fontainebleau. Certes c'est pas la même proximité que le bois de Meudon mais ça vaut franchement le déplacement. Des rochers, du sable, de belles forêts le tout sous un beau soleil pas trop piquant, le rêve! Dès l'arrivée, de bon matin, au parking de la croix St Jérôme (idéalement situé à 300 mètres du tracé), j'aperçois des trailers aguerris en grande tenue. Ça me rassure, je suis au bon endroit. Le novice que je suis ose se renseigner auprès d'un petit groupe qui semble être sur le point de partir. "Ouais c'est bien là. T'as qu'à nous suivre, on va te mettre sur le parcours". Merci les gars mais question rythme je ne vais pas pouvoir vous suivre très longtemps à cette allure. La petite escadrille des 3 trailers que j'essaie de suivre va bon train et l'un d'entre eux en est même à sa deuxième rotation sur les "25 bosses"!! Le ton est donné, je suis dans le royaume francilien du Trail. On double tour à tour deux petits groupes. J'observe mes ouvreurs. Ils courent en mode super léger, genre "on aura fini dans 2 heures". Déjà 15 minutes que j'essaie de les suivre et tout d'un coup plus rien.... Mais ou sont-ils passés? "Eh Oh, les gars?". Je ne vais quand même pas utiliser mon sifflet de détresse ça ferait trop amateur mais faut bien constater que je suis perdu pour de bon.


Plus un bruit, c'est atrocement calme. Aucun signe de vie des deux petits groupes déjà doublés. Je m'en remets à mon sens de l'orientation (bien plus développé que celui de Nathalie, ah ah ah). Je finis par trouver des marquages bleu. Ce n'est pas bon du tout car les "25 bosses" c'est rouge ou rien. Bon, je me considère comme "définitivement perdu" et je m'apprête à revenir sur mes traces quand je croise mon "saint Bernard", un trailer solitaire encadré par ses deux chiens. "Tu es sur le circuit du Belvédère, je vais te remettre sur le rouge". Le chien "ouvreur" connait la trace par cœur, un modèle! Je suis désormais assez chaud pour suivre à peu n'importe quel rythme et mon nouveau copain trailer (de Melun si j'ai bien compris) a une allure qui me convient. Je profite enfin du paysage et du parcours, je me régale!Un peu plus loin, on se sépare, je suis sur le parcours rouge de nouveau, merci l'ami! Comment décrire les "25 bosses"? C'est assez technique et plutôt proche de ce qu'on rencontre en moyenne montagne : rochers, racines, conifères, petits sentiers et beaux dénivelés! A part l'altitude et la végétation très présente, peu de différences. Parfois on croise des randonneurs ou bien des porteurs de gros matelas bien épais pliés en deux...Les "Sherpas" de Fontainebleau sont en réalité des grimpeurs qui s'essayent sur des rochers de toutes tailles et installent pour leur sécurité des matelas au pied des rochers pour leur sécurité.
Déjà quelques bosses de franchies et je commence à m'aguerrir dans la reconnaissance du tracé. Enfin presque...car repérer les petites traces rouge n'est pas si évident. Les peintres n'ont pas eu assez de peinture ou quoi?

Je me fais un nouveau copain de fortune car comme moi il passe le plus clair de son temps à chasser le tracé. Je remarque que certains s’accommodent un peu du parcours en contournant légèrement le haut des bosses (donc la partie la plus difficile). A l'inverse je veux ressentir pleinement ce parcours et être dans le respect le plus complet du tracé. En clair je veux m'offrir le maximum de dénivelé.Ce site valait bien une heure de "bagnole" comme je le dis dans l'un des mini films ci-après postés. Je ressens quasiment les mêmes sensations qu'en montagne. Les pierres et les racines apparentes offrent mille raisons de "partir dans le décor" et mon compagnon de course s'est joliment "vautré" sous mes yeux. Plus l'heure tourne et plus on croise de randonneurs de tous âges. Le sommet de certaines bosses sont assez techniques. Il faut parfois laisser glisser son corps entre deux rochers ou enjamber un vide. Les prises d'appui dans les descentes ne doivent pas être hésitantes. Mes bras me sont très utiles pour maintenir parfois mon équilibre. La fatigue guette le coureur dont les pieds ont petit à petit tendance à vouloir "caresser" les racines...


Deux heures de course à mon actif et je constate que mon co-équipier ne boit pas et ne consomme rien. "Tu ne prends rien?" Non me dit-il j'essaye de courir à bloc! Là encore j'ai des choses à apprendre car puiser dans ses réserves fait visiblement partie de son entrainement pendant que moi je me gloutonne un deuxième gel énergétique en plus du litre de boisson isotonique déjà bu. Un autre monde.





Mal nulle part, mon corps répond bien et je réalise que cette sortie marque la fin de mes neuf semaines d'entrainement sur douze. Mon compagnon de trail me quitte. Il est garé à un autre parking. On se sert la main et on se dit qu'on se reverra peut-être ici ou ailleurs. Je retourne à ma solitude du départ. Il me reste trois bons kilomètres mais ici on compte en bosses! Quatre bosses plus loin donc, j'atteins le chemin qui mène au parking. Je décide de l'ignorer royalement car je veux repasser par l'endroit ou je suis littéralement sorti du tracé. Je me dis que ça pourrait m'être utile car j'ai bien l'intention de revenir ici seul ou accompagné. Il est midi passé et il y a de plus en plus de monde. Je visualise l'endroit précis ou j'ai "merdé". Ma "reco" est terminée, demi tour. Je me laisse aller jusqu'au parking. "PNC, dernier virage". 3H25 de bonheur, 1600 kal de perdus, 21.5kms d'avalés et du D+ en pagaille...Il y avait mille raisons de chuter mais surtout mille raisons de venir ici. Veni Vidi Traili!
Le Tracé en "ROUGE"!

Le profil en D+ du tracé, comptez, il y a bien 25 bosses!