Dimanche dernier, comme des centaines de milliers de
français, nous avons participé à la marche républicaine que l'histoire qualifiera naturellement d'historique. Marcher ensemble dans un calme inoui avec un profond respect au rythme de quelques salves d'appaudissements et de "Marseillaise" et sans appels partisans restera un moment unique et trop are. L'énorme cortége humain avançant avec douceur et détermination aura eu raison de la barbarie et du crime au moins le temps d'une après-midi . Les français auront fini par se souvenir qu'ils sont protégés par des hommes et des femmes pour qui "protéger, servir et dissuader" signifie vraiment quelque chose! Ces mêmes français vont bientôt découvrir qu'il existe aussi une armée de "réserve opérationnelle" qui renforce et soulage déjà les corps d'active avec le même professionnalisme et volonté d'engagement. Mais marcher ne suffit
pas…
Je reste dubitatif sur les actions que nos dirigeants
s’apprêtent à prendre. Traiter les conséquences et refuser de voir les causes
risque de ne pas calmer les menaces dont nous sommes l’objet. Le terrorisme se
nourrit et exploite une misère lointaine que peu de français connaissent. Ceux
qui aspiraient à une vie meilleure et qui n’espèrent plus rien sont illuminés
par le mythe de la Révolution. Inculture, confusion et peur sont nos ennemis et
nous empêchent de nous protéger des fous de Djihad téléguidés comme de vrais
jouets. Les fondamentalistes récupèrent ceux dont plus personne ne veut et se
chargent de les endoctriner. Nous assistons totalement impuissants à un retour
du « romantisme » révolutionnaire comme l’avait tragiquement incarné
les brigades rouges ou Action Directe dans les années 70. Difficile d’échapper
au sort qu’on nous promet et prédit. Retarder l’irréparable ou empêcher l’horreur
dépend essentiellement des actions de nos forces de police et sécurité qui
luttent contre des groupes et des menaces asymétriques et de mieux en mieux dissimulées.
Eradiquer de façon définitive la volonté de nuire à notre république est quelque
chose auquel nous n’assisterons malheureusement pas de notre vivant. L’ogre
économique chinois a été brutalement balayé par l’islamiste fondamentaliste au hit-parade
de nos peurs.
Je plains nos enfants qui vivent dans un monde ou
l’information est devenue spectacle, ou le temps de l’analyse et du
discernement sont balayés par la violence sourde et digitale du
« twit » idiot et sans recul qui vient s’empiler tel un gobelet
jetable à côté d’une fontaine à eau. Aussitôt publié, aussitôt oublié.
Je plains nos enfants à qui on transmet une Histoire
contemporaine souvent travestie pour soit disant « mieux vivre
ensemble » mais qui finit par faire de vrais dégâts. Ne pas enseigner avec
transparence notre Histoire devrait être considéré comme un délit car il prive
une génération entière de sa mémoire et de vrais repères. La lutte contre l’obscurantisme
et l’ignorance devraient mobiliser des moyens comparables voir plus importants
que le contre-terrorisme.
Je plains les enseignants qui chaque jour sont confrontés à
des élèves qui insultent notre république et leur crachent au visage quand ils prennent
faits et causes pour des assassins qu’ils soutiennent comme ils l’auraient fait
pour une banale équipe de foot… Cette deuxième blessure morale fait presque aussi mal que la première.
Si nous avons décidé enfin d’ouvrir les yeux, il faut
accepter de ne pas les refermer trop vite. Il faudra accepter de vivre avec ce
que nous allons découvrir peu à peu et prendre conscience de nos véritables
faiblesses. Dans un pays ou presque chacun dispose de "tout", ou presque personne
n’a vraiment "faim", qui est chez nous véritablement prêt à défendre ses idées et
sa vision du monde au risque d’y perdre la vie ? Personne, pas une seule
âme vaillante en tout en cas équilibrée au sens médical s’entend. Les individus
qui veulent nous nuire sont eux totalement « préparés » à mourir
pour leurs idées et cela fait une différence énorme qu’aucun budget (même
important) au service de nos forces ne pourra résoudre totalement.
Un ami malien (CDT en chef de l’armée de l’air malienne) me
confie depuis plus de 5 ans la relative impuissance de son pays à combattre et
endiguer les organisations terroristes qui prospèrent au nord Mali en plein désert.
Certaines populations Touaregs se radicalisent et sèment le chaos. La France, harcelée
par ces nouvelles menaces (notamment Aqmi) a fini par se résoudre à intervenir
dans une région presque aussi grande que la France à moins de 3000 kms à vol
d’oiseau de nos frontières…Un combat qui enregistre certes ses premières
victoires mais qui reste dramatiquement colossal et ce bien avant un certain 7
janvier et le tristement célèbre Charlie…