vendredi 3 mai 2019

Madrid te mata y te quiero!


On your start!
Par ou commencer, que dire, quoi retenir de cette course incroyable qui m'a encore permis d'établir un nouveau record dans des conditions qui ne devaient pas favoriser la performance? J'ai conquis cette 9eme étoile dans une douleur/bonheur qui me renvoie encore pas mal de questions! Avec une prépa légèrement amputée et largement adaptée sur la fin, j'ai encore prouvé que j'avais d'incroyables ressources. On m'avait dit "Madrid? C'est pas roulant, n'y va pas pour le chrono mais le plaisir, profite, savoure, blablabla...". Pas roulant? Alors merci de m'expliquer comment j'ai battu mon meilleur chrono sans avoir suivi ma meilleure préparation! Je pense avoir fait la course parfaite, celle qu'on ne réalise peut être pas deux fois dans une vie. Laissez moi donc vous raconter "la course d'une vie..."

Petit retour en arrière, nous sommes à 10 jours du marathon et je viens de "donner" ma traditionnelle interview à J-10 entouré de mes enfants. Je suis plutôt sérieux et raisonnable dans cette dernière ligne droite et ne m'accorde aucun écart. Je me sens globalement un peu fatigué mais je sais par expérience que la dernière semaine va m'offrir une recharge d'énergie bienvenue. Plutôt excité par la perspective de courir à Madrid il y a cependant quelque chose qui me dérange. Mon ami Matthew ne pourra pas courir car il est franchement blessé. L'idée qu'il manque un soldat sur la ligne de départ/arrivée est dure à accepter et me rappelle la difficulté et risques de cette discipline.
It's plastic day!

Madrid J-1. Débarquer la veille d'un marathon dans une ville qu'on connait un peu c'est finalement le meilleur moyen d'éviter de gamberger. On pose nos valises dans notre bel Airb&b et on se fait une "pasta gatosport party". Minuit, dormez braves gens...en fait non...la rue est animée et quelque peu bruyante car nous sommes vendredi soir encerclés de bars à tapas et tout le monde n'a pas pour projet de courir demain. Je tente de rassurer Minou pour son 10kms du lendemain : "t'inquiète... la dernière nuit n'a pas vraiment d'importance". Dans ma tête je visualise le parcours et j'espère sincèrement que mes derniers choix seront payants (chaussures, tenues, entrainements, nutrition...).

Somos juntos, Animo!
Jour J 6H30. Réveil on enfile sa tenue, on finit son Gatosport et on se retrouve dehors sous un soleil radieux. Les rues sont désertes. Seuls des coureurs en couple ou petits groupes se dirigent comme nous vers les stations de métro les plus proches. J'ai l'impression d'être à côté de mon corps mais ne m'en inquiète pas. J'ai mal dormi comme à chaque veille de marathon. Il me suffit d'être reconnecté au bon moment c'est à dire dans environ 45 minutes...
Première belle émotion pour moi celle de voir partir Minou pour son premier 10kms. Elle semble un peu perdue dans cette masse de coureurs mais je sais qu'elle va bien faire parce qu'elle est prête.
J'accède très facilement à mon corral 15 minutes avant le départ officiel. Se mélangent alors des coureurs de semi et de marathon ce qui est une donnée importante car les rythmes de course ne seront, pour la plupart, pas du tout les mêmes! Je me relaxe, je me sens bien et enfin reconnecté. Mon corps a faim de kilomètres, ça tombe bien je vais lui en offrir un peu plus de 42.

8H50 Boum c'est parti sur le paseo de la Castellana et ça grimpe doucement, déjà...Après 2 kms en montée je m’aperçois que le dénivelé ne me coute que 15'' au kilo quand j'avais craint plus. Je réalise  même 2 kms en 4'40''. Certains sont franchement plus rapides mais en y regardant de plus près ils ont souvent le dossard gris, celui du Semi! On laisse sur notre droite "Bernabeu Real Madrid CF" et je ne peux m'empêcher de crier "Hala Paris!". Calle de Bravo Murillo est un bonheur car ça descend doucement et sans forcer je commence à enregistrer de jolis kms 4'24'', 4'19'', 4'15'' Ouah mais je suis en forme moi! J'avais par orgueil ou par bêtise décider d'écrire sur un petit bout de papier les temps intermédiaires pour réaliser 3H16' alors que mon objectif du jour était environ 3H25. Je décide de la regarder tous les dix kilomètres. Au passage du 10 kms, j'ai 2' d'avance!! Au 20kms 3' et au 30kms 5' !! Et si c'était mon jour? Et si contre toute attente j'allais battre ici mon record? Sur la terre du taureau, sur celle dont j'ai dit un jour (certes un peu alcoolisé) que j'aimerai y mourir...A cet instant je ne suis plus le gars de Sèvres, je suis pour de bon "El Nino de Neuilly". Mais la prudence prévaut car un marathon peut réserver beaucoup de pièges et je sais que le final sera terrible.

Le rendez-vous réussi avec Minou, Katell et Matthew au 22eme m'a bien boosté. Nathalie a eu le temps de me glisser à l'oreille son temps aux 10kms et suis bluffé. Et que dire des encouragements de Matt...je cours aussi pour toi aujourd'hui mon ami, je n'ai pas le droit de flancher.
Km 30 la traversée du paseo de los platanos me m'inspire pas. Il commence à faire chaud et les crampes me guettent. Je reprends de la Sporteïne mais je ne me sens pas vraiment mieux. A ce moment là je sais que l'objectif de le finir sous les 3H30 est atteint sauf accident mais une petite voix que je reconnais bien me dit qu'il y a autre chose à aller chercher, que c'est à portée de jambes mais qu'il va falloir tenir encore une heure. J'en ai terriblement envie mais je sens les premières difficultés. Mes muscles ne sont pas loin de se tétaniser si ma foulée est trop longue ou si je cherche à accélérer. En revanche mon cardio depuis le départ a de quoi me surprendre. Je ne dépasse pas une seule fois les 145 bpm ce qui ne m'est jamais arrivé et encore moins lors d'un marathon. C'est peut être parce que je suis moins bavard que d'habitude. "Hoy es tu dia". Peut être, oui mais franchement ce n'est pas le jour des camarades que je double sur cette portion. Certains sont déjà à l'agonie. Partis trop forts? Ravitos mal gérés? Problème de déshydratation? Ça me rappelle que ma gourde personnelle est vide et je décide de la jeter. Adieu ma gourde, tu m'as tant servi! Je suis en train de parler à une gourde? Je déraille ou quoi? Km 35 c'est dur pour ne pas dire plus. Je sais qu'il me reste un dernier RDV avec Minou Katell et Mat au Km 38. Je pense à Delphine qui est partie 20' après moi. Je ne m'inquiète pas pour elle mais j'aimerai tant la voir passer encore sous les 4H. Allez...un pas devant l'autre, concentre toi. Mais qui a tracé ce marathon ? bor...! J'ai systématiquement un écart de 500 mètres avec le vrai km. Les vraies crampes ne sont pas loin malgré une hydratation correcte. Il fait de plus en plus chaud et le bitume de Madrid a pris quelques degrés.

Bienvenue au Km 38, ça commence par une jolie montée...l'ambiance générale sur le parcours est bon enfant mais n'a rien d'extraordinaire. Hormis quelques groupes de rock ou DJ, c'est plutôt calme. Je m'y attendais mais je ne serai pas contre un peu plus d'encouragements. Mes jambes, ma tête, mon cœur ont besoin de carburant. Ah justement! Voici mon ultime RDV avec Nathalie et les amis. Ça fait du bien de les voir. Je prends le temps de savourer leurs soutiens. C'est comme une caresse qui te booste et évacue toute pensée négative. J'ai plus qu'un truc en tête : courir jusqu'à cette ligne d'arrivée quoi qu'il en coûte et si possible en moins de 20 minutes...

Km 40, j'avale un dernier gel énergétique. La pente est douce mais régulière. Un coup d’œil à la montre me confirme que je suis en train de faire quelque chose de grand. 3H05. Tablant sur une allure maxi de 5' au kilo pour les deux derniers à parcourir, cela me confirme que malgré les 500 put...de mètres d'écart je vais faire tomber mon record! L'idée à partir de cet instant est de geler mes émotions, ne pas se laisser aller, rester dans le contrôle, ne pas se laisser griser trop tôt. Mais de quoi ai-je peur enfin? La "remontada" n'existe pas au marathon...je vais taper ce record, c'est acquis! 3H16. La dernière ligne droite est parfaitement à l'ombre maintenant. Je vois l'arrivée, la foule est beaucoup plus dense et les hauts parleurs crépitent alternant musique et la voix forte de l'animateur de la "finish line". Dans ma tête tout se bouscule, je ressens une émotion énorme, je m'adresse à mes "fantômes", je fais ma célébration, j'y suis! 3H17, je pose un pied sur la ligne d'arrivée et je crois avoir hurlé "Yo soy el Nino de Neuilly!". Je déambule dans la zone d'arrivée tout en continuant de me galvaniser. J'ai été "MONSTRUEUX"!  J'ai fait la course parfaite.

Campeon!!
En quittant la zone d'arrivée, je tombe par hasard sur Nacho et Gerardo qui viennent de terminer leur Semi. On se congratule naturellement et on profite des fontaines des Cibeles pour prendre la pose et quelques photos pour qu'on se souvienne bien de ce moment. Je ne résiste pas à l'envie de me baigner dans l'immense fontaine comme le font les madrilènes les soirs de titre du Real de Madrid...Je suis non seulement parvenu à conquérir Madrid mais je suis désormais baptisé à l'eau de la ville.

Gerardo con El Nino















Le bilan général est aussi excellent. Delphine, malgré 2 arrêts techniques, réalise un beau chrono au marathon en 4H10. Sa fille Alexandra a couru le Semi en 2H05 et Minou signe son premier 10kms en 1H11...Je prends une jolie 801eme place au général (142 sur ma catégorie) sur un marathon réputé difficile même pour les kényans qui n'arrivent pas à descendre sous 2H08...


En mode Bad?? :-)

Sacrée Finisheuse!
 

Aucune faute de gout, tenue assortie à l'arrivée!

115 kms courus réunis!

Sur la terre des taureaux, El Nino de Neuilly a fait une "faena" parfaite. Ce record lui appartient mais il le partage volontiers avec son Kiné Ziad, ses anges protecteurs et bienveillants, son ami Matthew (cette petite minute est pour toi!) et Coach Rodolphe dont la première réaction a été : "Maintenant place aux vrais chronos, la ballade est terminée..." 

El Nino de Neuilly en Plaza de Toros!
P.S : J.L Godard remerciait bien l'ouvreuse du cinéma Mac Mahon...moi je tenais aussi à remercier le sauna et la douche froide du Stade Français...

mercredi 17 avril 2019

L'interview à J-10! La vraie!

Interview réalisée sans trucages dans notre appartement meudonnais mardi 16 avril vers 20H...Le tirage au sort a désigné Ruben comme interviewer N°1.

Ruben Journaliste Reporter
Ruben : "Bonjour Silian. Peux tu nous dire comment t'ai venu l'idée de t'inscrire à Madrid?"
Silian : " En fait je réponds à une invitation plutot ancienne que m'ont fait mes amis espagnols. Et puis un marathon en avril ça tombe plutôt bien pour faire une prépa entre la fin d'hiver et le début du printemps, quoi que les températures du week-end dernier ne fassent pas vraiment penser au printemps...".


Anna " Bonjour et permets moi cette question indiscrète. C'est quoi la bande orange collée derrière ta jambe droite?"

Silian " Ah... ça c'est un pansement magique que m'a posé Ziad mon kiné. La "bobologie" ne m'aura pas épargné. Contractures, tendinites, bref j'ai eu une semaine "à blanc" ce qui m'a, je pense, un peu sauvé.


Ruben : "Dans quel état te sens tu? On te sens un peu moins frais que d'habitude, je me trompe?"

Silian: " Non c'est bien observé mon fils! En fait je me sens assez fatigué depuis 3 semaines. Les séances sont difficiles à enchainer et pour une fois j'aurai bien aimé avoir un partenaire de course pour ne pas courir seul. Je dois même avouer (le ton se radoucit) que 2 ou 3 sorties ne m'ont apporté aucun plaisir. Zéro, nada, shunya. C'est assez inédit je dois dire. C'est le prix à payer quand tu t'entraines seul dans ton coin de forêt. T'as personne pour te stimuler un peu et ça m'a franchement manqué parfois!"

Anna future "Chef Redac" de Running magazine?
Anna : " C'est quoi ton objectif à Madrid?"
Silian : " Déjà que tous finissent. C'est une aventure collective et s'il manque un soldat à l'arrivée, alors on aura pas validé la mission...Ensuite sur un plan perso et compte tenu de la topographie de Madrid, vouloir faire un chrono est illusoire. Avec plus de 500 D+ et compte tenu de ma forme je dirai que finir en 3H25 serait idéal mais loin d'être acquis."

Ruben : "Sous les 3h30 quand même..."
Silian "Oui quand même, on y va pas pour "ramasser des merguez" ou "acheter du terrain"..."

Anna : " Qu'est ce que tu redoutes, quelles sont tes craintes?"

Silian " C'est un parcours que je ne connais pas et dont le dénivelé semble assez redoutable. J'espère que l'ambiance nous portera. Mes craintes seraient plutôt du côté équipement et groupes musculaires..."


Ruben : "Tu peux t'expliquer...?"
Silian : " Mes deux paires de chaussures me donnent l’impression d'être HS. Du coup j'en mets une neuve en route qui semble répondre en partie à mes attentes quoi qu'un peu lourdes (400g sur chaque pied sur 42 bornes ça pèse...). Côté matos ça doit le faire, reste mon corps et les possibles rechutes. Ça peut arriver sans prévenir mais là encore je reste confiant grâce au super job de mon Kiné Don Ziad!"

Anna: "Quel est le programme des réjouissances post course?"
Silian: "D'abord une bonne douche puis une Paella entre coureurs accompagnée d'une grande Cerveza fresca...et le soir on devrait remettre ça dans les bars à tapas de Madrid...et on a encore deux jours avant de reprendre l'avion".

Ruben:"Tu n'en es pas à ton premier marathon. Qu'est-ce qui te motive sans cesse? As tu prévu de t'arrêter un jour?"
Silian: " Madrid sera ma 9eme étoile et il serait dommage de ne pas en chercher une dixième...et puis (il réfléchit)...peut être qu'un jour on en courra un ensemble. Alors je maintiens le niveau et je regarde l'horizon avec confiance. J'aime bien citer cette phrase. On ne s'arrête pas de courir parce qu'on vieillit, on vieillit parce qu'on s'arrête de courir..."

Anna: " Ce sera le mot de la fin?"
Silian: " Non le mot de la fin c'est regardez moi, regardez nous, on est finalement assez ordinaires et pourtant (il songe...) on va tous faire quelque chose d' EXTRAORDINAIRE ! Madrid, prends garde à toi, on vient te prendre!
Un moment de plaisir et de partage!
  


 

mercredi 10 avril 2019

Madrid 2019, les participants!

Fini le blabla. A 17 jours d'un marathon on est prêts ou on ne l'est pas...C'est aussi limpide que ça. 9 semaines de prépa derrière moi avec quelques bobos, l'idée est maintenant d'aborder mentalement ce fameux jour J. Crainte ou angoisse pour certains, je suis plutôt du genre "serein" parce que le plus dur réside, selon moi, dans la préparation d'un marathon et non dans l'accomplissement de 42 "petits" kilomètres...Pensez, n'importe quel coureur (même le plus "amateur") se présente à un marathon avec environ 300 à 500 kilomètres parcourus sur 10 à 12 semaines. Il faut donc relativiser et accepter l'idée selon laquelle on a fait clairement le plus dur. Aguerri aux sorties "longues" depuis près de deux mois, faire 13 ou 14 bornes de plus que la "sortie longue de référence" n'est pas insurmontable en soit. Il est donc agréable et tout à fait réaliste de déclarer : je suis prêt!
Alors je ne résiste pas au plaisir de vous présenter le plateau des coureuses et coureurs qui vont  courir comme moi la samedi 27 avril. Leur état de forme, leur palmarès, leur objectif, ce qui les caractérise, ce qui les motive...je vais tout vous dire ou essayer du moins.
  
Nacho au milieu, le plus grand! Que guapo!
Tout d'abord honneur aux locaux et à ceux qui ont fait germer en moi l'idée de venir courir à Madrid.
Gerardo y Nacho sont deux frères et deux amis très chers. Nous sommes plus habitués à descendre ensemble des pistes de ski ensemble ou quelques bières que de courir après un chrono. Gerardo et Nacho en sont à leur troisième participation au semi de Madrid et quoi qu'il en coûte, ils finissent! Ils sont généreux malgré les obstacles, déterminés et totalement animés par la compétition.
 "Siempre de pie"pourrait être une devise qui collerait assez bien à leur caractère. Engagés sur  le SEMI de Madrid. Objectif : le finir!
Gerardo et son faux air d'André Agassi...! Fénoménal!

Lætitia et Vincent forment un délicieux couple d'expatriés arrivé à Madrid il y a plus d'un an. Pour eux aussi le challenge sera important car il n'est pas toujours facile de combiner vie pro et entrainements. Ils ont fait le choix de courir "ensemble" le Semi.Vincent, quoi que plus expérimenté, s'est visiblement un peu blessé sur la fin de sa préparation. Qui des deux arrivera donc en premier sur la ligne?

Matthew. Comment vous présenter le "Brexiter"? Ni tout à fait anglais ni tout à fait français, Matthew sait s'adapter à tous les environnements. Je lui avais concocté un joli plan d'entrainement dans l'espoir de le voir enfin réaliser son rêve, à savoir passer sous les 3H30 mais comment dire...il n'a pas vraiment respecté le plan ni les consignes environnantes... Un peu freiné par une petite blessure de surcroit, on ne peut pas dire qu'il arrive le couteau "entre les dents" mais plutôt en gentil participant prêt à en baver un peu (eh oui, qui ne s'entraine pas souffre...). Palmarès : Berlin, Londres, Paris. Engagé sur le marathon de Madrid. Objectif : S'il passe sous les 3H30 je paie le champagne (et pas du cava espagnol hein...). 
  
Delphine, ONU New York souvenirs...
  
Delphine : La "gazelle du sud" est loin d’être une novice et ne vous laissez pas abuser par sa catégorie "V2F" car elle risquerait de vous la renvoyer en pleine tête tel un boomerang. Delphine a des ressources quand certains sont à sec. Son secret? Trouver de l'énergie quand tout semble joué ou perdu. Véritable lionne du désert, elle risque de faire mal sur sa distance fétiche. Elle résume à elle seule l'esprit du running et notamment de "born to run": On n'arrête pas de courir parce qu'on vieillit, on vieillit parce qu'on arrête de courir! Palmarès: Florence, New York, Paris, Londres...quelques trails et je ne compte pas ses Semis....Objectif : souvent le même, à savoir rester sous les 4 heures. Cette performance à Madrid compte tenu de la topographie du tracé serait un perf magnifique qui prouverait qu'avec un entrainement "allégé", on peut réaliser de grandes choses!

Alexandra, l'ainé des filles de Delphine, a fait le choix volontaire et fort de courir le Semi. 21 ans à peine et déjà des perfs remarquables (2H à Marseille). Alexandra a une vie de course à pied devant elle...pourvu qu'elle trouve le bon rythme et qu'elle ne s'emballe pas dès les premiers kilomètres (péché mignon des coureurs débutants). Les premiers kilomètres en montée en direction du Bernabeu devraient, je pense, calmer son ardeur...
Minou amore mio ! Admirez cette foulée!

Katell : Elle a tout d'un soldat. Elle sait se faire discrète et intervient là ou on a besoin d'elle. Correctement entrainée pour participer au Semi, elle a formé de le vœu d'accompagner sa copine "Nath" sur 10 kms et lui donner ainsi une motivation supplémentaire. Beau geste, bel esprit!

Minou : C'est quand même assez excitant de savoir que ta femme participe à la même fête que toi pour une fois...et qu'elle va même se lancer avant toi... Toute grande première a de quoi m'émouvoir un peu je dois avouer. Elle s'est entrainé avec le sourire et a trouvé un rythme qui lui convient. Verbatim : "A ce rythme, je pourrai courir beaucoup plus longtemps...". Ce qui me rend jaloux c'est qu'elle est capable de faire du 175 pas minute alors que j'en fais à peine 164...Elle est née pour la course à pied mais elle l'ignorait :-) Elle va mettre du cœur et va savourer sa première vraie compétition sur ce 10 kms. L'ambiance, la foule et le cadre vont logiquement opérer et je l'envie presque de découvrir tout cela pour la "toute première fois"...J'ai trop de courses dans les jambes et de médailles au fond ma cave, j'ai tout simplement oublié ce que ça fait. Minou...apprends moi à courir 175 pas minute!
   
Enfin moi... mais ai-je besoin de me présenter?...









jeudi 28 mars 2019

A l'école de la rigueur et de la volonté

Un jour j'aimerai que mes enfants tombent sur cet article, me lisent et comprennent un peu mieux de quoi est faite la "planète Marathon". Non pas pour les détourner ou les dégouter de me suivre dans cette discipline, bien au contraire! J'aimerai leur faire comprendre tout ce que je ressens et qu'ils puissent connaitre tous ces "petits plus" qui font du marathon une discipline un peu hors norme. Quelqu'un a écrit : "il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer". J'ajouterai une quatrième catégorie : les marathoniens!

J'ai beaucoup de respect pour celles et ceux qui vivent de la mer et naviguent sur la grande bleue. Le temps y est distendu, le rythme peut être à la fois infernal ou totalement ralenti. Le corps prend assez "cher" parce qu'il est à la fois projeté sur et contre les éléments et que le repos n'y est jamais total (parole de marin!). Avec un peu de recul, ce "huis clos marin" me fait penser à un plan de préparation marathon. Tu t’immerges pendant près de 12 semaines dans un espace fait d’entrainements, de préparation physique et de phases de récupération sans jamais quitter des yeux ton objectif, ton "azimut" vers lequel ton corps est entièrement aimanté...le jour J du marathon.
A run in Jaipur (INDIA)

 Certes, préparer un marathon rime souvent avec rigueur mais le chemin est rempli de vrais petits et grands bonheurs. A toi il revient le privilège d’être le témoin d'une forêt qui s'éveille de bon matin, de croiser des animaux que peu de citadins voient, d'explorer comme personne des villes qui te semblent familières après seulement 2 sorties...Et que dire du bonheur qui t'irradie quand ta séance s'est bien déroulée et que tu rentres dans ton foyer, à peine réveillé, le devoir accompli. J'ai parfois le sentiment qu'une deuxième journée est sur le point de commencer et je l'aborde avec un excès de force et de détermination qui nulle autre discipline sportive ne m'a jamais offert!
Ce que mes yeux voient...

 
Ajoutons aussi une bonne dose de motivation pour faire ce que j’endure, pour avaler ma dose hebdomadaire de kilomètres sans pour autant rompre avec le plaisir de courir. Il y a un côté un peu "mécanique" du corps et du cerveau qui accepte d'aller au combat sans trop se poser de questions. La mise en chauffe est purement technique avec un minimum d'émotions. Ce n'est qu'après avoir couru 20 minutes et retrouver des sensations que ton corps envoie quelques signaux émotionnels. Il a accepté de sortir sans se plaindre, il a obéi aux ordres, maintenant il commence à apprécier et il bascule dans le "gagnant/gagnant".

Feuille 2 Week 6..ça pique un peu!!
Sixième semaine de prépa, la plus piquante de toutes! Près de 60 kilomètres à avaler sur 4 séances en alternant des sorties techniques basées sur la vitesse et d'autres sur l'endurance fondamentale. Pas de quoi trop rigoler ni réfléchir, il faut se contenter de livrer et à l'heure! Cette semaine marque une frontière évidente et attendue car les charges d'entrainement diminuent peu à peu une fois cette semaine franchie.
Semaine 7, tout va bien, trop bien même...quelques petits signes avant coureurs qui pourraient annoncer une blessure auxquels je ne prête pas trop d'attention. Pire... je les méprise. Je suis un gars de Sèvres, on ne me la fait pas! N'empêche qu'à trop se convaincre qu'on est indestructible, l'addition finit par tomber. Mardi, j'attaque la séance et en plein milieu CRACK BOUM HUE je rentre en trottinant...:-(


La blessure fait de toutes façons partie du contrat. Tu pousses ton corps dans ses limites et tu sais parfaitement dans quoi tu t'engages. Avec le poids de l'expérience je dirai même que c'en est presque réconfortant. Si je force un peu le trait : "Je suis blessé parce que je me suis bien entrainé". Bon, il s'agit quand même de revenir au plus vite et pour cela il y a Ziad le "sorcier". Ce que j'apprécie vraiment chez ce Kiné (en or!) c'est que certains mots ne font pas partie de son vocabulaire : Déchirure, rupture...Il adopte une attitude toujours positive, te fait "souffrir" comme il faut et la reprise n'est jamais très loin avec lui. Mais que ferais-je sans Ziad? Confidence pour confidence, la reprise après blessure a presque quelque chose de palpitant et d'excitant. Cela va t-il tenir? Combien de temps pourrais-je courir? Quand une reprise se passe bien, cela crée des sorties mémorables. Tu reprends le contrôle, tu es à nouveau le Roi dans ton château!

Vivre sa passion marathon c'est tout un ensemble de choses réunies. Ça passe par des performances, des sensations, du bien être qui te fait rajeunir de 15 ans, des doutes, des douleurs, des bonheurs simples, des privations et sacrifices, le respect du plan, des nouveaux amis, le respect que tu inspires chez les autres, la confiance en soi, le dépassement, l'accomplissement...et cette sensation toute particulière d'être ni mort, ni un simple vivant, ni un marin non plus mais d’être fait d'un alliage rare et d'avoir tes deux pieds connecté à la Terre!
Quand la ville dort...
     
Mes enfants, si vous lisez ces mots, quoi que vous entrepreniez, vivez votre (vos) passion (s) à fond! Quitte à se perdre un peu, entretenez le feu, soyez volontaires, ne calculez pas trop, donnez vous. Trop de gens souffrent de ne pas avoir de passions et passent clairement à côté de leur vie... Il n'est pas nécessaire de faire partie de l'élite, ni du très haut niveau amateur car le haut niveau amateur est déjà une belle médaille en soit pour la vie!



mardi 12 mars 2019

Ensemble, on est plus forts!

Ça vous a pas paru un peu long, tout ce temps, sans des nouvelles de votre coureur du "bois de Meudon"? A moi si...Reprendre l'écriture de ce blog me procure à la fois du plaisir mais indique surtout qu'une bataille se prépare...

J'avais un temps imaginé courir Boston (le Graal!) mais plusieurs facteurs sont venus brouiller ce projet. Au premier rang desquels un joli bobo musculaire au mollet gauche m'imposant près de 3 mois d'arrêt (du jamais vu!). Il est trop hasardeux de s'inscrire à une course 6 mois à l'avance sans avoir la garantie de pouvoir la préparer sérieusement. De même qu'il est clairement fantaisiste d'engager plus de 3000$ dans une aventure aussi incertaine. Bref, j'ai rayé Boston de ma tête dès le mois de septembre et attendais qu'un autre projet vienne le remplacer.

Ce que me disait une "petite voix" en moi résonna bientôt comme une évidence. "Mais bien sûr! C'est Madrid dont j'ai envie!". Je pourrai ainsi retrouver mes amis espagnols qui me font, à juste titre, remarquer que j'ai couru dans beaucoup de villes mais jamais chez eux... Madrid, c'est pouvoir m'exprimer sur un marathon qu'on dit convivial et d'un format beaucoup plus humain (limité à 15 000 coureurs). Choisir Madrid c'est aussi se détourner, sans regrets, de ces marathons au label "Majors"qui peuvent être, sous certains aspects, de vraies kermesses commerciales avant d’être des événements sportifs. Et le vrai "double bonus" dans tout ça, c'est de participer tous ensemble à la course de son choix (10k, 21k, 42k) le dimanche matin et de partir presque tous en même temps.
Le serpent de 42 kilomètres..Fénoménal!


L'aventure n'est plus solitaire. C'est un projet à plusieurs ou chacun s'investit en fonction de son expérience, de ses envies et de ses aptitudes. Au final, nous avons tous un rendez-vous le dimanche 28 avril(*) au matin. Quoi de plus beau que d'aller ensemble prendre part à cet événement? J'en frémis d'avance et je récite, dans ma tête, le verbe courir : je cours, tu cours, il ou elle court, nous courons, vous courez, ils courent...Magnifique! Ce sera donc Madrid où nous devrions être 12 coureurs (avec quelques surprises...chut!) au départ.


(*) Le premier ministre espagnol ayant décidé de dissoudre le parlement, les élections prévues le dimanche 28 avril ont finalement poussé les organisateurs a anticiper la date du marathon et ce principalement pour des raisons de sécurité. Au final nous courrons donc le samedi 27 avril.