lundi 27 juin 2011

"Mont Blanc" mode d'emploi: des crampes et des larmes!



28 ans après en avoir fait le sommet, me voici de retour à "Cham" pour ce fameux Cross qui me tenait tant à coeur. Je rassure mes lecteurs, c'est chose faite mais ce Trail restera la course la plus difficile et douloureuse de ma vie! Le Cross du Mont-Blanc est une course des plus exigeantes (je ne parle même pas du Marathon qui avait lieu le lendemain...). J'avais sous-estimé la préparation qu'il est nécessaire de suivre pour venir courir ici. Les plats sont quasi inexistants, les ruptures de pente sont trés fortes et imposent un rythme cardiaque trés élevé. On s'entend  tout le temps respirer. Les coureurs se muent en marcheurs car les pentes ne se prêtent pas à la course. On n'est pas dans la gentille "côte des gardes de Meudon" ici, on est en Montagne! Heureusement les paysages mettent du baume au coeur. Côté spectateurs et supporters c'est pas la grosse foule de New York, ca reste convivial et surtout respectueux de l'effort engagé. On traverse deux trés beaux jolis villages d'alpage avec ses vaches un brin curieuses de voir une file indienne de coureurs multicolors. On enjambe quelques ruisseaux et les parties en sous bois apportent une fraicheur bienvenue.

Qu'elle est belle la Montagne!

Mon gros problème a été l'apparition précoce de crampes (mollets, cuisses, ischio, la totale!) un peu avant le deuxième ravito. Avec les ruptures de pente, les douleurs sont devenues aigues et m'ont arraché des cris de douleurs (ce que je n'avais jamais expérimenté en course et ce qu'il ne faut en théorie jamais vivre). N'en pouvant plus, j'ai du m'arrêter à deux reprises pour "négocier" avec mon corps: "Laisse moi finir je t'en supplie!". Et il m'a écouté...une fois de plus.

Le trail en montagne est l'expérience ultime! Pas ou peu de zone de "repos", le coureur est toujours à fond (même en marchant dans les pentes) et se doit d'être trés vigilant car le parcours est rempli de pièges (racines, pierres, roches, vide/précipice...). J'ai bien failli me "gaméler" une bonne dizaine de fois car mes jambes étaient de plus en plus lourdes et je n'avais plus la fraicheur de ma première heure. Tu perds en lucidité, tu fais d'autres choix plus économes en énergie mais qui peuvent t'amener à la "faute" (un coureur a lourdement chuté dérrière moi). En trail, ne double pas qui veut. Les sentiers de rando sont faits pour se croiser entre randonneurs mais pas pour des colonnes de coureurs furieux. Bref le marathon des "villes" comme Berlin me semble tout à coup un truc facile...un truc bien "fun"!

 
Nicolas Pianet, vous ne connaissez pas?
Il n'a pas l'air comme ça mais c'est le vainqueur 2011
du Marathon du Mont Blanc, bouclé en 3H54...
Elles sont ou les caméras de "Stade 2"
pour interviewer un sportif, un vrai!

Le dernier kilomètre m'a tout pris. Les crampes allaient, partaient, revenaient. Deux coureurs, que j'appelerai des "Saint Bernard", m'ont donné le petit "coup de pouce" dont j'avais besoin pour finir debout et digne. La ligne franchie, j'ai chialé. Ces larmes étaient vraiment délicieuses car venir ici n'était pas gagné (déchirure, faible préparation) et pourtant je l'ai fait et fort bien d'ailleurs : 3H18 de course; 485eme au général/ 1650 et 128eme dans ma catégorie. Faire le Mont-Blanc restera l'expérience de course la plus forte (peut être plus fort que New York! c'est dit), la plus extrême qu'il m'est été donné de vivre. Je suis admiratif de savoir que d'autres s'alignent sur 42 kms avec 2.5kms D+...Je crois en être incapable même entrainé. Il faut savoir juger et reconnaitre ses propres limites. Je crois que je viens de découvrir les miennes.
  

Naturellement je ne serai jamais un "kenyen des Alpes", ni Kilian JORNET (l'extra terrestre du Trail) mais je veux revenir ici en étant sérieusement préparé. I was born to run, but am I made for Trail? A part of me stayed in Cham. Aussitôt qu'une course se termine, il y a toujours une autre ligne d'arrivée à franchir. Allez suivez-moi, nous avons encore tant à explorer! Chamonix, notre histoire ne fait que commencer. Berlin, prépares toi à prendre une grosse fessée!

L'arrivée à Planpraz

Bilan de course
Ce que j'avais: un mental à toute épreuve, votre soutien/amitié et pas grand chose d'autre...
Ce qu'il m'a clairement manqué : les vrais jambes, une préparation rigoureuse, une diététique adaptée, 3 kgs de trop, l'expérience "Trail" en montagne.


Pour fêter ça, je me suis accordé un peu de bon temps: quelques bières et un magnifique vol en parapente. Bonjour chez vous!

Le cimetière de Chamonix et le Mont-Blanc
qui veille sur celles et ceux que la Montagne
a rendu légendaires mais souvent
au prix de leur propre vie...
Marco "l'étoile filante", à jamais endormi dans son Everest.

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