lundi 5 septembre 2011

Mon corps, cet étranger.

Philosophie et propos d’un coureur de fond.
Je vous propose de partager ma vision sur la course de fond : ses pratiques, ce qu’elle apporte…bref une exploration sociétale de la course à pied. « Ouh la  la, il se lance dans des débats intellos celui-là… ».

Une société moderne peut-elle vivre sans coureur de fond ? Je pense clairement que non. Le développement de la « run attitude » est pour moi la réponse à la croissance de nos villes et de nos rythmes citadins associés. Notre univers pétri de technologies et de comportements zappeurs en pousse plus d’un à gouter à des fondamentaux simples et basiques que la course à pied réunit parfaitement : éprouver la liberté d’aller où l’on veut, sans que rien ou personne ne nous rattrape avec une vraie notion du temps (chronos) retrouvée. Il est rassurant de constater que nos villes sont de plus en plus envahies matin et soir par des coureurs à deux pattes. Selon moi notre cerveau éprouve le besoin de rompre avec la monotonie et/ou le stress de nos vies urbaines et c'est précisément dans le sport qu'il disjoncte (à défaut d'alcool, de drogue ou de sexe). Tout individu a besoin de sa dose de sport approuvée par un "esprit sain" dans un "corps sain". Ça ne vous rappelle rien? "Anima sana in corpore sano", la devise du fabricant de godasses ASICS. Éprouver des sensations nouvelles, pousser ses propres limites, faire connaissance avec son corps et être libre, voilà qui résume assez bien le coureur de fond. 

Le touriste/coureur : Courir est pour moi synonyme de visite et d'exploration. J'ai toujours apprécié d'aller promener mes baskets dans une ville que je découvre. Quel merveilleux moyen de ressentir les choses, de comprendre la géographie des lieux, de dénicher de bons endroits dont on profitera la nuit venue, bref de décoder une ville et ses habitants.

A quoi tu penses ? Courir seul, ce qui est 3/4 mon cas, offre un rdv avec soi-même. On fait un peu le point dans sa tête sans trop se la prendre. C'est pour moi l'occasion de prendre un peu de recul avec le rythme parfois un peu speed de nos vies citadines. Un bon bol d'air pour la tête qui vagabonde entre sujets sérieux et plus légers. Laisser aller son corps et son esprit, se concentrer sur les bonnes ondes et écouter son cœur. Parfois il m'arrive de ne penser strictement à rien mais d'être totalement pris par les paysages et les images qui s'offrent à moi (surtout s'il s'agit de grandes filles à la peau cuivrée par le soleil, légèrement transpirantes et bien mises en valeur dans leur...pardon je dérape). Je n'ai jamais pris de grande décision en courant. Je pense en revanche que marcher est beaucoup plus propice pour faire un bilan/audit de soi même. Je suis sûr que si on demandait aux gagnants (hommes et femmes) des épreuves marathon ce à quoi ils ont pensé durant 42 bornes, ils répondraient "à bien sentir mes jambes, à boire quand cela était nécessaire et à accélérer aux bons moments. Nothing else ! Un champion ne pense pas, il avance telle une vraie machine qui a rendez-vous sur la ligne d'arrivée.

Ville ou nature ? : On n’a pas toujours le choix de ses terrains de jeux favoris mais il n’aura échappé à personne qu’il existe un véritable engouement pour les courses nature (dites « Trail ») qui cantonnées dans nos verts paysages grignotent peu à peu du terrain pour venir mordre et lécher notre espace urbain. Les courses vertes ont la côte quand le citoyen se mue en  « éco-responsable ». Ne pas négliger les difficultés proposées par ces courses (naturellement non plates…) qui sont souvent de gros défis où il faut arriver préparé (voir article Cross du Mont-Blanc). Courir en pleine nature plutôt qu’au pied de sa boulangerie ou d’une bouche de métro c’est naturellement plus charmant, plus frais, plus vert et surtout moins usant pour nos pieds délicats. Le macadam c’est au contraire la garantie de ne pas courir seul, donc de  ne pas faire de mauvaises rencontres et de pouvoir ramener sa baguette toute chaude après sa course.

Le souffle, la vie: Quoi de mieux que la course à pied et ses multiples défis pour se prouver à soi-même qu'on est bien vivant? Nos "crises" d'âge (de 10 en 10) sont très favorables pour pousser notre ego à repousser nos limites, à contrecarrer l'effet du temps qui file, à afficher aux yeux du monde : je cours donc je vis. L'endurance attire, consciemment ou non, toutes les bonnes âmes qui souhaitent une révision et un entretien du "moteur cœur"  tous les 50 000 bornes...A quand une assurance crédit immobilier spéciale "Coureurs"?

Quoi penser de l’Ultra? Depuis pas mal d’années, l’homme se plait à repousser ses propres limites. Semis et Marathons sont parfois des épreuves bien mineures comparées à des défis vraiment extrêmes (logiquement appelés Ultras) tels que les « 100 kms de Millau », les désormais célèbres « IronMan » (version  triathlon),  l’UTMB (version trail)…Ces épreuves sont réservées à une élite et on ne peut pas parler de sport de masse mais l’homme, le matériel et les techniques de préparation et d’entrainement ont bien accéléré les choses. Ces fondus des grandes distances et d’efforts intenses ont su rester « propres » et rares sont ceux qui cèdent aux tentations  non naturelles pour améliorer la perf. Ces champions de l’extrême sont de véritables « sport addicts » qui  ont besoin chaque semaine de leur dose de kilomètres. Seul Noël les condamne à la trêve (et encore...) On les reconnait facilement ces mecs là (peu de filles faut dire...), ce sont les seuls à blaguer et à être "super faciles" quand le parcours t'arrache des douleurs et te prive de tout écart fantaisiste. Ils t'écœurent en te laissant sur place et t'achèvent en te faisant comprendre (ça ils adorent!) que cette course représente un "chouette entrainement"...Ces athlètes repoussent, pour eux-mêmes et l’humanité qui les observe, un peu plus les limites du corps humain.  Pour moi nous n'exploitons qu’un tiers de nos capacités et ressources physiques et émotionnelles (indissociables) ce qui laisse, vous en conviendrez, une belle marge de progrès…

Bonjour chez vous!

  

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